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combat, engagé par une galère de Malte, arrête le rétablissement des relations commerciales ; en 1637, Maertis, envoyé à Alger avec une escadre pour y négocier, tire, en partant, sur la ville ; la population, voisine du bastion de France, se soulève, le prend, massacre et réduit en esclavage tout ce qui s’y trouve de Français ; en 1664, le duc de Beaufort dirige sur Gigeri une expédition aussi bien motivée que celle que nous avons récemment faite sur Bougie, et obtient pour résultat l’anéantissement d’un commerce considérable que les Français et les Génois faisaient sur cette côte. Les plus hautes folies, les plus grands obstacles à notre établissement, l’excitation aux haines les plus implacables entre les indigènes et nous, appartiennent à la période où le duc de Guise était titulaire des concessions ; c’était un colonisateur comme quelques-uns l’entendent. Voilà la part du système de guerre.

Sous François Ier, la pêche du corail s’établit et se développe ; sous Charles ix, Sélim ii fait concession à Thomas Lanches, négociant à Marseille, des places, ports et hâvres de Malfacarel, la Calle, Collo, le cap Rozes, Bône ; en 1560, les indigènes et le sultan laissent élever le bastion de France à six lieues O. de Bône ; de 1624 à 1633, Sanson Napoléon, négociant et guerrier, rétablit tout ce qu’avait perdu le duc de Guise ; en 1638, Coquille et Th. Piquet, négocians aimés dans le pays, réparent le désastre de l’année précédente ; en 1694, « Pierre Hély et sa compagnie, nommée et avouée par l’empereur de France pour la pêche du corail et autres négoces, sont déclarés propriétaires incommutables des places dites le bastion de France, la Calle, le cap Negro, Bône, et autres dépendances. Il est défendu à tous les habitans de ces côtes de vendre à d’autres qu’au dit Hély et à sa compagnie, les laines, cuirs, cire et autres marchandises. Il est convenu qu’en cas de guerre il ne pourra être inquiété, mais qu’au contraire il sera maintenu dans la paisible possession desdites places, dans lesquelles il est défendu à tout autre négociant d’aller et de commercer sans le consentement dudit Hély, qui, de son côté, s’engage à payer annuellement au divan 34,000 roubies d’or (environ 105,000 francs). » Ce sont les termes du traité, et ils sont reproduits dans les traités de 1714, 1731, 1768, 1790. Pendant les disettes de 1703 à 1709, les concessions expédient annuellement en France 160,000 hectolitres de blé. En 1716,