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ALGER.

se manifeste dans la Méditerranée ; elle est de 27 et demi pour cent, sensiblement égale à celle du tonnage.

Cet accroissement dans le revenu de l’état fait plus que compenser l’excédant de dépenses que nous cause l’entretien en Afrique de troupes que nous aurions en Europe, et de plus, ces 6,000,000 fr. dont les produits de douanes se sont augmentés correspondent à un mouvement de 60 à 70,000,000 fr. de marchandises, dont moitié environ produites par l’industrie nationale. À ne considérer que la question de finances et d’intérêts matériels, nous sommes donc, dès à présent, en possession d’avantages dont la réalité peut diminuer nos regrets de ne les avoir pas acquis à meilleur marché, et dans la nature desquels il est de se consolider et de s’accroître par l’effet même du système auquel nous devrons la réduction de nos dépenses.

D’autres compensations se placent, d’ailleurs, en regard de celles-ci. Les inquiétudes que donnaient, après la révolution de juillet, les dispositions de quelques parties du midi de la France sont encore présentes à nos esprits : les réactions provoquées par les souvenirs de 1815, les regrets des uns, les exigences passionnées des autres, pouvaient faire éclater, au milieu des populations, une guerre civile qui eût été le signal de l’invasion étrangère ; mais les regards se tournèrent du côté de l’Afrique, les imaginations escomptèrent, en les exagérant, les avantages de l’ère nouvelle qui s’ouvrait pour la Méditerranée, et la prospérité de Marseille, cette métropole du midi, répondit de la tranquillité des départemens appelés à la partager. Paris même, dont les agitations ébranlent toute la France, Paris a peut-être dû à la possession d’Alger d’éviter de grands malheurs. Dans les mois de janvier et février 1831, environ quatre mille cinq cents hommes de sa population la plus audacieuse et la plus turbulente ont été dirigés sur l’Afrique[1] : faute de pou-

    de Paris dont les recettes se sont élevées à 6,722,982 fr. Il faudrait un long travail pour distinguer avec précision, dans cette somme, les provenances de l’Océan de celles des frontières de terre ; mais en attribuant aux premières les trois quarts à peu près du produit, on s’écarte fort peu de la réalité.

  1. On demandera peut-être comment l’administration peut aujourd’hui diriger sur l’Afrique quatre mille cinq cents personnes. C’est que les gens qui sont