Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
DE L’ÉCOLE FRANÇAISE.

de dévotion sont, il est vrai, les plus heureux de tous pour l’invention et le style ; mais l’incrédulité ou du moins le scepticisme n’étaient pas inconnus au siècle de Périclès ni à celui de Léon x. Il est vrai que les indifférens, comme Raphaël, ou les incrédules, comme Léonard, vivaient au milieu de populations dont la foi était vive et sincère ; voilà pourquoi la peinture de Léonard et de Raphaël, reflet naïf de ces impressions extérieures, nous semble une peinture religieuse. Les hommes qui voudront aborder l’art dans le sens le plus élevé continueront sans doute de préférer les sujets religieux ; mais l’orthodoxie n’est pas indispensable pour atteindre aux dernières cimes de l’invention. Séparons nettement ce qui ne doit pas être confondu ; que la nature, toujours nouvelle et toujours inépuisable, soit le symbole et le perpétuel enseignement de l’art, et que l’art, docile et studieux, se rajeunisse éternellement dans la contemplation de son modèle.


Ch. Lenormant.