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CONTEMPLATION.

familières aux savans métaphysiciens du xviie siècle. M. Ampère fait voir comment la symétrie constante des divisions et subdivisions, qui semblerait au premier abord un caractère artificiel, se rattache au contraire à la nature même de notre intelligence et prend sa raison dans la forme et les lois de nos facultés. On ne pourrait donner en quelques mots idée de cette base de la classification de M. Ampère ; le volume qu’il publie est destiné tout entier au développement et à la justification du principe dans l’ordre des sciences qu’il appelle cosmologiques, c’est-à-dire relatives à tous les êtres matériels dont l’univers est composé. Un prochain volume complètera le développement en ce qui concerne les sciences noologiques, c’est-à-dire relatives à l’étude de la pensée et des sociétés humaines. M. Ampère donnera aussi, dans un futur volume à part, les principaux résultats de ses observations psychologiques qui, remontant aux années de sa jeunesse, devront le classer parmi les idéologistes contemporains, à côté de son ami M. Maine de Biran : une longue note sur ce sujet, placée à la fin de sa préface, peut dès aujourd’hui en faire concevoir l’intérêt. En attendant ces publications si désirables, et à défaut d’une analyse tronquée de son présent volume, nous offrirons à nos lecteurs, ce qui leur agréera infiniment mieux, de beaux vers adressés au savant auteur de la classification par M. Ampère, son fils et notre collaborateur. Celui-ci ne fait que répondre, en quelque sorte, à une pièce de vers latins, que, sous le titre de Carmen mnemonicum, son père a jointe au tableau final en la lui dédiant. Ces vers latins, d’une excellente latinité et d’une précision parfaite, sans trop de sécheresse, reproduisent le ton de quelques exposés de Lucrèce. Les vers français que nous donnons n’embrassent, pour parler le langage de la classification, que le premier embranchement des sciences cosmologiques, c’est-à-dire les sciences mathématiques ; on pourrait y mettre pour épigraphe le vers paternel :


Jam numeros, spatium, vires et sidera noris.


Quant à l’élévation et au mérite de cette noble poésie philosophique, tous ceux qui apprécient certaines épîtres sérieuses de Voltaire, certaines pages du poème de la Nature de Lebrun, en jugeront mieux que nous ne pourrions dire :


Clermont, 1832.


Je viens à toi, mon père, au pied du Puy-de-Dôme ;
Je te trouve faisant le tour de ton royaume,