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REVUE DES DEUX MONDES.

Un mortel a pu voir, armé d’un œil géant,
Osciller des lueurs aux confins du néant,
C’est vous dont votre Herschel, ô pâles nébuleuses,
Découvrit les clartés qu’on dirait fabuleuses !
Il aperçut en vous des germes d’univers,
Qui, selon leurs aspects et leurs âges divers,
Ou contenaient encor leurs semences fécondes,
Ou déjà répandaient leurs poussières de mondes !
Eh bien ! de ces lueurs blanchâtres, que les yeux
Discernent vaguement aux limites des cieux,
UNE renfermerait les étoiles sans nombre,
Qui font étinceler les abîmes de l’ombre,
Ce grand cintre lacté qui n’est jamais terni,
Arche d’un pont brisé qui mène à l’infini ;
Mille mondes encore et le monde où nous sommes…
Ah ! la terre est trop loin… je ne vois plus les hommes.


J.-J. Ampère.