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ANGELO MALIPIERI
DE M. VICTOR HUGO.

Oserons-nous bien parler d’Angelo ? La question est grave et veut être examinée religieusement ; car les amis et les disciples de M. Hugo n’en sont plus à traiter la critique de retardataire. Les accusations de cette sorte étaient bonnes tout au plus à l’époque où l’Académie suppliait Charles x de protéger le Théâtre-Français contre l’invasion de la poésie nouvelle. Il y avait de l’adresse à confondre dans une commune ironie tous les adversaires d’Hernani. Mais la discussion a changé de terrain : personne n’invoque plus le passé contre le débordement de l’hérésie ; personne ne combat plus pour les lois aristotéliques, pour la régularité militaire de l’alexandrin. Ce n’est plus au nom de Cinna et de Britannicus que la dialectique littéraire attaque les œuvres dramatiques de M. Hugo. La sympathie publique est acquise d’avance à toutes les tentatives, si hardies qu’elles soient. M. Hugo avait promis de régénérer la scène ; il a eu toute liberté de réaliser sa pensée. Pourquoi donc, après avoir défié les dédains de la foule, après bavoir bravé toute comparaison, en est-il venu à proclamer haute-