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POÈTES
ET ROMANCIERS MODERNES
DE LA FRANCE.

xviii.

MADAME DE STAËL.

Seconde partie.

Mme de Staël, lors de la publication du livre de la Littérature, entrait dans une disposition d’ame, dans une inspiration ouvertement et noblement ambitieuse, qu’elle conserva plus ou moins entière jusqu’en 1811 environ, époque où un grand et sérieux changement se fit en elle. Dans la disposition antérieure et plus exclusivement sentimentale où nous l’avons vue, Mme de Staël n’avait guère considéré la littérature que comme un organe pour la sensibilité, comme une exhalaison de la peine. Elle se désespérait, elle se plaignait d’être calomniée ; elle passait du stoïcisme mal soutenu à la lamentation éloquente ; elle voulait aimer, elle croyait mourir. Mais elle s’aperçut alors que, pour tant souffrir, on ne mourait pas ; que les facultés de la pensée, que les puissances de l’ame