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SESSION PARLEMENTAIRE.

politique à l’intérieur et à l’extérieur ; pourront-ils vous l’offrir ? C’est pourquoi nous ne croyons pas possible un système intermédiaire entre les doctrinaires sous M. de Broglie et M. Guizot, et l’opposition nette et franche qui veut la réalisation des formes républicaines avec la pensée monarchique. Il faut opter ; ce sont les tories et les whigs au petit pied. Dans la grande lutte de l’Angleterre, le parti Stanley a été complètement effacé : l’opinion Dupin subit la même fortune ; la question est trop largement engagée pour que les intermédiaires suffisent : il y a deux systèmes en face, les doctrinaires ou la république plus ou moins déguisée doivent à la fin triompher.

On dira : Mais ne comptez-vous pour rien l’opposition Odilon Barrot ? n’y a-t-il pas ici l’espérance d’un ministère ? car enfin cette fraction a des doctrines, et, au besoin même, un programme. Nous répondons que le ministère Odilon Barrot serait une expérience hasardée pour le pays. Il faut à un parti des doctrines gouvernementales : où les trouve-t-on dans ce parti ? N’est-il pas vrai qu’il veut souvent les choses les plus contraires ? Lui parlez-vous de république ? il s’indigne ; lui proposez-vous les garanties indispensables à tout système monarchique ? il les repousse souvent encore. Ce parti semble n’être ni en dehors ni en dedans du système établi ; il proclame la dynastie comme une nécessité, et, sans le vouloir, il contribue à la miner sourdement. Il demande la force du pouvoir, et quand il l’a eu, le pouvoir a-t-il eu une pensée ? Il veut l’ordre, et l’émeute n’a-t-elle pas été un des accidens de sa vie ? Il demande la paix, et le jour qu’il viendrait aux affaires, il y aurait redoublement d’inquiétude au sein des cabinets européens. Quand il exprime des doctrines écrites en dehors de la tribune parlementaire, ces doctrines sont toutes empreintes de la vieille école libérale, sans avoir le talent didactique et correct de M. Jay, et l’esprit journaliste de M. Étienne, Cependant il peut arriver que les élections donnent un jour le pouvoir à ce parti. Cela s’est vu en Angleterre, et cette circonstance peut se reproduire en France. La présidence du conseil peut arriver au duc de Dalmatie ; l’intérieur peut être dévolu à M. Odilon Barrot, le commerce à M. Bande, les affaires étrangères à M. Bignon, les sceaux à M. Dupont de l’Eure ; nous le demandons, mais, serait-ce là un système ? Personne ne refuse au duc de Dalmatie une grande puissance sur l’armée, une force d’administration remarquable ; à M. Odilon Barrot, un beau talent de tribune et une certaine activité d’administration ; à M. Bande, une aptitude incontestable pour l’économie politique, les travaux industriels, la science des faits, et de longues études dans toutes les difficultés commerciales ; et M. Bignon n’a-t-il pas donné assez de preuves de sa facilité pour traiter les plus ardues questions de diplo-