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REVUE DES DEUX MONDES.

Ici ne se punit l’homicide ou poison,
Et la richesse ici par usure est acquise.


C’est bien la Rome corrompue du xvie siècle, telle qu’avaient achevé de la faire les Borgia. Du reste, la position personnelle de l’auteur contribuait à lui rendre le séjour de Rome insupportable. Voici le tableau animé qu’il fait de la vie qu’il y mène, vie dépendante et tracassée, pleine de soins et de soucis.


Panjas, veux-tu savoir quels sont mes passe-temps ?
Je songe au lendemain, j’ai soin de la dépense
Qui se fait chaque jour, et il faut que je pense
À rendre sans argent cent créditeurs contens.

Je vais, je viens, je cours, je ne perds point le temps ;
Je courtise un banquier, je prends argent d’avance ;
Quand j’ai dépêché l’un, un autre recommence,
Et ne fais pas le quart de ce que je prétends.

Qui me présente en compte une lettre en mémoire,
Qui me dit que demain est jour de consistoire,
Qui me rompt le cerveau de cent propos divers,
Qui se plaint, qui se deult, qui murmure, qui crie.
Avecque tout cela, dis Panjas, je te prie,
Ne t’esbahis-tu point comment je fais des vers.


Il paraît qu’il avait fondé sur son parent le cardinal, des espérances qui ne se réalisèrent point. Aussi s’écrie-t-il :


Malheureux l’an, le mois, le jour, l’heure, le point,
Et malheureuse soit la flatteuse espérance,
Quand pour venir ici j’abandonnai la France,
La France et mon Anjou dont le désir me point.


Une fois en proie au mal du pays, Dubellay devint insensible à l’intérêt des ruines qu’il avait chantées dans sa déploration. Quand