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AU-DELÀ DU RHIN.

dans son gouvernement ni persévérance, ni solidité, ni grandeur. Il a cessé d’aimer la liberté après en avoir embrassé le culte avec l’enthousiasme d’un noble enfant des universités. On l’a vu récemment afficher contre la France une haine ridicule et vraiment pitoyable dans un prince de Bavière qui devrait avoir bonne mémoire des bienfaits de Napoléon. Le roi Louis est irrésolu, inconstant, défiant. L’ingratitude de son organisation physique ne le laisse pas sans inquiétude et sans amertume ; il bégaie, entend mal, et ne voit pas bien. Il est vrai qu’au milieu de ces infirmités il trouve l’appui de la reine, femme pleine de grace et de bienveillance, que bénit la Bavière, et qui vient au secours de son mari avec la plus aimable délicatesse. Néanmoins le roi n’est pas heureux, car la malignité du sort lui a donné plus d’ambition que de puissance.

L’art partage avec la philosophie l’honneur de décorer Munich, et quand nous visitions tour à tour la demeure de Schelling et la Glyptothèque, nous sentions comme des affinités secrètes entre les marbres d’Égine et le génie de ce moderne Platon. Le Vatican peut seul en Europe donner sur le monde antique des impressions plus profondes que la Glyptothèque de Munich. Le musée de peinture n’égalera pas en harmonie et en nouveauté celui que la sculpture habite. Les fresques de Schnorr et de Cornelius sont humides encore dans la nouvelle résidence, palais dont la magnificence semble déborder la royauté qui le construit. En général, Munich est dans un élan de croissance qui réclame de nouveaux efforts et les faveurs de la fortune ; s’il lui arrivait de s’arrêter et de s’interrompre dans l’ambition de son développement, elle se trouverait un jour sans force, mais non pas sans quelques ridicule, entre la modestie et la grandeur. Cela nous conduit à qualifier la situation politique de la Bavière.

Parmi les fautes qui ont été commises dans la dernière répartition d’hommes et de provinces faite à Vienne après les désastres de la France, il faut compter l’adjonction à la Bavière du cercle du Rhin. Cette partie de la monarchie bavaroise qui lui est annexée surpasse en fécondité, en civilisation, le centre de la monarchie même. En certains points, les extrémités sont plus nobles que le cœur. L’habitant des provinces rhénanes est plus vif, plus intelligent que le Bavarois ; il aime plus la liberté ; à Landaw il regrette