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LA COMÉDIE AU IVe SIÈCLE.

taient ces jeux et ce théâtre, dans lesquels, comme dans un dernier fort, se retranchait si opiniâtrement l’idée païenne.

ii.

Pour être sûr qu’aucun des filons du génie dramatique n’échappe à nos investigations, j’ai cru nécessaire de diviser toutes les recherches relatives au théâtre en trois sections : théâtre hiératique, théâtre aristocratique, théâtre public ou populaire. Je vais parcourir ces trois divisions et considérer séparément ces diverses branches du théâtre païen au ive siècle.

THÉATRE HIÉRATIQUE.

La fermeture ou la destruction de presque tous les temples païens au ive siècle rétrécit considérablement le champ du drame sacerdotal. Il ne subsista guère de toutes les cérémonies païennes plus ou moins empreintes du génie mimique, que celles qui pouvaient se célébrer dans l’intérieur de la famille ou sur les théâtres publics. On peut voir dans les œuvres d’Ausone, consul sous Gratien et évêque sous Théodose[1], un petit poème imité des Fastes d’Ovide, Liber de feriis romanis, qui contient un catalogue assez étendu des féries païennes encore subsistantes. Les principales étaient les Florales, les réjouissances des calendes et les Saturnales, dans lesquelles les esclaves, comme on sait, jouaient le rôle de maîtres et les maîtres celui d’esclaves. Nous trouvons en 387, sous Honorius, alors Auguste, et en 406, sous Théodose-le-Jeune, la solennisation des Quinquennales. Les jeux séculaires sont célébrés en 404, sous Honorius, par les dévots païens effrayés des invasions des Goths. Les vers sibyllins y furent, selon l’usage, chantés à deux chœurs, par de jeunes garçons et de jeunes filles. Les fêtes de la Grèce n’étaient pas non plus toutes abolies : l’Élide avait encore ses

  1. Il nous reste d’Ausone des poésies chrétiennes et des poésies obscènes. Quant au fait de son épiscopat, il a été l’objet de controverses.