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HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DE L’ART.

de son fils ; penchée sur son épaule, une femme de vingt ans, sa fille sans doute, qui le console et le rassure ; à ses pieds, un garçon de dix ans qui joue avec un chien ; à gauche du groupe central, deux amans, enlacés dans une étreinte éplorée, assis au milieu des troupeaux, mêlant leurs larmes et leurs baisers, et se promettant une mutuelle fidélité ; et pour fond de scène, des montagnes revêtues de verdure, des troupeaux pleins de force et de santé. C’est là, si je ne me trompe, un beau poème, inventé sans effort, pris sur le fait sans doute, mais qui satisfait à la fois l’œil et la pensée.

Je reproche à la couleur de ce tableau une teinte grise, qui se trouve peut-être dans la nature écossaise, mais que le peintre aurait pu corriger sans être accusé de tricherie. Les animaux qui, sur cette toile, ont une importance égale, sinon supérieure, à celle des personnages, sont bien dessinés, mais manquent généralement de solidité. Les taureaux, les génisses et les brebis offrent des lignes vraies, des plans bien ordonnés ; mais leur peau ne semble pas soutenue, comme elle devrait l’être, par la charpente osseuse. Je ne crois pas que cette remarque soit puérile, et malheureusement elle s’applique à la plupart des ouvrages de Landseer. Il ne se délie pas assez de la facilité de son pinceau. Il fait vite et bien. En travaillant plus lentement, il ferait mieux encore.

La peinture de portrait est représentée cette année par MM. Shee, Pickersgill et Morton. Ce n’est pas la monnaie de Lawrence. Les deux miniatures envoyées par Rochard sont tellement au-dessous de ses bons ouvrages, qu’il y aurait de l’injustice à le juger sur l’exhibition de 1835. Je préfère de beaucoup, dans tous les cas, les miniatures de Mme de Mirbel, et ce que j’ai vu cette année à Somerset-House n’est pas de nature à me faire changer d’avis.

Le Portrait de Guillaume iv, par M. A. Shee, président de l’Académie royale, est un ouvrage plus que médiocre. L’arrangement de la figure est laborieux, pénible, et manque absolument de grace et de grandeur. Le manteau jeté sur les épaules de sa majesté est d’une telle pesanteur, qu’à moins d’avoir une force herculéenne, le roi ne pourrait le porter. La main droite, placée sur la hanche et qui relève l’hermine, accomplit une tâche rude et difficile. La pensée qui se présente naturellement au spectateur, c’est que ce manteau est une pénitence corporelle imposée au patient en ex-