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de cette année est d’un effet sérieux, et atteste chez l’auteur une pratique familière de l’antiquité. Les lignes et les draperies des figures ont de la grace et de la légèreté, et rappellent en plusieurs parties les compositions étrusques. Il y a là autre chose que la reproduction de la réalité. Cet ouvrage est daté de Rome, et quand le livret ne le dirait pas, il ne faudrait pas une grande pénétration pour le deviner : non pas que le séjour de l’Italie soit indispensable à l’invention ; mais le bas-relief de Wyatt contraste si hardiment avec les autres marbres de Somerset-House, que l’auteur a dû quitter son pays pour s’isoler dans son individualité. On peut reprocher à l’ouvrage de Wyatt un peu de maigreur et de timidité ; ces défauts, quoique faciles à signaler, n’effacent pas l’harmonie générale qui d’abord vous séduit.

Un buste en marbre de lady Sydney, par le même, confirme victorieusement ce que je disais tout-à-l’heure en parlant de Baily. La tête sculptée par Wyatt offre un des types les plus gracieux et les plus purs que je connaisse. C’est un portrait, mais qui vaut tout un poème : la ligne du front et le plan des joues sont d’une finesse délicieuse. Les yeux regardent et les lèvres sourient. Les cheveux, noués à l’antique, sont rendus avec une grande simplicité. Le cou s’attache bien, et ne pèche ni par la rondeur ni par la sécheresse. J’aime mieux le buste que le bas-relief.

M. Hollins, dont le nom n’était pas venu jusqu’à nous, a prouvé, dans un buste d’enfant, qu’il mérite la célébrité. Le portrait de T. Villiers Lister, fils de T. H. Lister, esq., est un chef d’œuvre de grace et de fraîcheur. Les lèvres et les joues sont d’une vie frémissante. Les cheveux, travaillés dans un goût qui n’est pas commun chez les sculpteurs d’aujourd’hui, bouclés et distribués ingénieusement, semblent jouer au vent, tant ils sont fins et légers.

Voilà ce que j’ai vu cette année ; mais, comme je l’ai dit en commençant, il y aurait de l’injustice à tirer de ces prémisses accidentelles et relatives des conclusions générales et absolues. C’est aux hommes pris en eux-mêmes qu’il faut demander compte de l’état de l’école anglaise, et non pas aux seules toiles de Somerset-House. Or, si nous rassemblons en un faisceau commun tous les noms salués par les acclamations unanimes de la Grande-Bretagne, que trouvons-nous pour notre enseignement et notre joie ? La France