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BREST À DEUX ÉPOQUES

où l’on m’attendait. Je descendis et demandai ma valise. Pendant que le conducteur me la cherchait, mon compagnon de route se pencha vers moi.


— J’ai été heureux de vous rencontrer, me dit-il ; au temps où nous vivons, c’est beaucoup de pouvoir passer la moitié d’un jour avec un homme qui ne fait ni peur ni dégoût. Votre nom, monsieur, s’il vous plait ?

Je le lui dis ; il me tendit la main.

— Nous ne nous reverrons peut-être jamais, ajouta-t-il ; bonheur et santé ! Si vous visitez les montagnes et que vous passiez par la vieille ville d’Aëtius[1], demandez le citoyen Correc de La Tour-d’Auvergne, ancien grenadier ; c’est moi.

Il me fit encore un signe de la main, et la voiture partit.


Émile Souvestre.
  1. La Tour-d’Auvergne prétend, dans ses Antiquités gauloises, que la ville de Carhaix, en breton Keraës, fut fondée par Littorius, lieutenant d’Aëtius, et fut appelée, du nom de ce dernier, Ker-aëtius, par corruption Ker-aës.