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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 8.djvu/38

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VOYAGES
D’UN SOLITAIRE.

ii.


LE CHAMP DE BATAILLE DE WATERLOO.

Il y avait un peu plus de vingt ans que la bataille avait été livrée quand j’arrivai à Waterloo par la forêt de Soignes. Je suivais seul la route, cherchant, comme il arrive en pareil cas, un point connu pour me reconnaître à travers des lieux si souvent et si diversement décrits. À mi-côte d’une terre en chaume j’entendis la sonnerie d’un troupeau et des poules qui gloussaient dans un bas-fond. Ces bruits champêtres sortaient des cours d’une grande ferme isolée, dont on ne voyait que les toits en ardoises ; j’y descendis, et à peine arrivé, je lus sur l’un des bâtimens en brique qui bordent le chemin : Ferme de la Haie-Sainte. Ces mots me saisirent fortement, car avec ce point m’était donné tout l’horizon.

Le champ de bataille n’est point en plaine. Le sol ondulé y forme au contraire partout des ravines parallèles qui se renflent et s’élargissent à leur milieu. Ce que l’on appelle le plateau de Mont-Saint-Jean, est un plan incliné qui n’offre presque aucune surface horizontale. En avant, en arrière et sur les deux côtés, cet espace