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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 8.djvu/54

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BÂLE.

§ i.
ASPECT DE BÂLE. — LE RHIN. — LE PONT DE BÂLE.

Nous longions depuis le matin l’ancien lit du Rhin, suivant cette belle chaussée romaine hardiment jetée sur le flanc de la vallée, comme un pont de vingt lieues, et nous dirigeant vers Bâle, qui forme la porte de la Suisse de ce côté. Nous avions déjà dépassé Saint-Louis, bourgade imperceptible il y a trente ans[1], et dont la contrebande a fait une ville depuis que les postes de douanes y sont établis ; nous nous étions arrêtés un instant devant le mausolée élevé à la mémoire du jeune Abatucci, Italien mort au service de la France, à une époque où tout ce qu’il y avait de sang généreux en Europe coulait pour elle ou par elle ; nous avions enfin rapidement traversé ces ruines couvertes de ronces auxquelles on a conservé le nom d’Huningue, lorsque Bâle nous apparut enfin avec les toits bariolés de sa cathédrale, ses maisons blanches nichées dans les feuilles, ses remparts verdoyans, et son grand fleuve grondant doucement à ses pieds, comme

  1. L’ancienne église de Saint-Louis (qui, du reste, est encore la seule) donne une idée du peu d’importance de cet endroit avant l’établissement des postes de douanes ; elle peut à peine contenir vingt personnes.