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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 8.djvu/569

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CONTEMPLATION.

FRAGMENT INÉDIT DE LÉLIA.

Une porte de mon appartement donne sur le précipice ; des gradins rongés par le temps et la mousse font le tour du bloc escarpé qui soutient cette partie de l’édifice, et, après plusieurs rampes rapides, établissent une communication entre le couvent et la montagne. C’est le seul endroit abordable de notre forteresse ; mais il est effrayant, et, depuis la sainte, personne n’a osé s’y hasarder. Les degrés, creusés inégalement dans le rocher, présentent mille difficultés, et l’escarpement qu’ils côtoient, n’offre aucun point d’appui, et donne des vertiges.

J’ai voulu savoir si dans la retraite et l’inaction je n’avais rien perdu de mon courage et de ma force physique. Je me suis aventurée au milieu de la nuit, par un beau clair de lune, à descendre ces degrés. Je suis parvenue sans peine jusqu’à un endroit où la montagne en s’écroulant semblait avoir emporté le travail des cénobites. Un instant suspendue entre le ciel et les abîmes, j’ai tremblé d’être forcée de me retourner pour revenir sur mes pas. J’étais sur une plateforme où mes pieds avaient à peine l’espace nécessaire. Je suis restée long-temps immobile, afin d’habituer mes yeux à cet effrayant spectacle, et je comparais l’empire de la