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ZOOLOGIE.

que notre siècle a son point de départ dans les découvertes du siècle précédent. Mais combien il s’est éloigné rapidement de ce point de départ ! Combien il l’a laissé loin derrière lui ! On l’a dit souvent, et nous le pensons aussi : les cinquante années qui viennent de s’écouler, ont plus fait à elles seules pour la zoologie que tous les siècles qui les ont précédées. Admirable exemple de ce progrès continu qui entraîne les sciences avec une vitesse toujours croissante, comme la pierre qui tombe, s’élance de plus en plus rapide vers le point qu’elle doit atteindre.

Nous aurions aimé à continuer ici pour l’école moderne, pour cette école dont nous avons connu presque tous les chefs principaux, ce que nous venons de faire pour les zoologistes des siècles précédens ; à déterminer quelle part chacun a prise aux progrès de la science ; à juger, selon notre conscience, sa tendance intellectuelle et la portée de ses travaux. Mais comment apprécier avec justesse des hommes au milieu desquels nous avons vécu, au milieu desquels nous vivons encore ? De même qu’un objet, trop rapproché de nos yeux, ne saurait être nettement perçu par eux, ne devons-nous pas craindre d’être égaré par des illusions devant des travaux dont nous avons été presque témoin, et qui ne peuvent nous apparaître, quoi que nous fassions, sous le point de vue où ils apparaîtront à la postérité ? Et pour ne parler ici que des savans dont la science a déjà eu à déplorer la perte, s’il est vrai, comme on l’a dit tant de fois que la mort d’un homme ouvre à la vérité tous ses droits sur lui, ne faut-il pas reconnaître aussi que la vérité ne peut en user aussitôt, puisque chaque contemporain, quels que puissent être son amour pour la justice et l’indépendance de son esprit, ne saurait entièrement franchir le cercle des idées, des opinions, nous dirons même des passions de son époque, et se trouve ainsi enlacé dans une multitude de liens réels et puissans, bien qu’invisibles pour lui ?

Nous ne renonçons pas cependant à compléter cet article par un aperçu des progrès les plus importans que la science doit à l’école moderne ; mais ici nous nous exprimerons avec plus de réserve, et si nous osons hasarder quelques jugemens, nous sommes le premier à les déclarer incomplets et en quelque sorte provisoires.

Parmi les zoologistes que la mort a récemment moissonnés, la