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REVUE DES DEUX MONDES.

On sait que cette villa charmante est le chef-d’œuvre de Pirro Ligorio, et que cet architecte a déployé dans ce petit monument toutes les richesses de forme de la renaissance. Il fallait beaucoup de goût et d’habileté de dessin pour bien rendre le caractère de la villa Pia. M. Bouchet nous paraît avoir réuni ses deux qualités. Bien que ses aquarelles soient de petites dimensions, le trait est si fin, qu’on ne perd aucun détail. Le frontispice, composé avec les ornemens de la villa, nous semble un délicieux dessin. Dans un temps où l’architecture civile et domestique incline si fort au goût et au style des monumens du xvie siècle, c’est une heureuse idée que la publication d’un pareil ouvrage. Il est à espérer que, comme la gravure au trait de la porte du baptistère de Florence qu’édite en ce moment Pieri Besnard, l’ouvrage de M. Bouchet attirera l’attention du public, et exercera sur le goût des artistes et des architectes une influence salutaire.

Nous mentionnerons aussi dans notre revue, la gravure, cet art tout moderne qui est arrivé à une vigueur d’exécution vraiment incroyable. Elle serait à elle seule le sujet d’un long chapitre, tant elle embrasse de genres, et tant de nos jours elle prend de développement ; mais nous ne la suivrons pas dans toutes les voies qu’elle parcourt, et nous nous contenterons de dire qu’elle a fourni cette année à l’exposition trois belles planches au burin. L’une est de M. Prudhomme, d’après les Enfans d’Édouard, de M. Delaroche, l’autre de M. Richomme, d’après la Vierge au livre de Raphaël, et la troisième enfin de M. Calamatta, d’après le Vœu de Louis XIII de M. Ingres. Le tableau de M. Delaroche nous semble gagner beaucoup à être gravé ; le burin a fait disparaître quelques tons vineux répandus sur les chairs, et maintenant la précision de la forme s’allie bien avec l’harmonie de ton de la gravure. La réputation de M. Richomme est établie par de bons ouvrages, et entre autres par sa belle Sainte Famille du Musée royal ; cette nouvelle planche ne peut que l’augmenter encore. Celle de M. Calamatta rappelle, on ne peut mieux, la peinture de l’original, et la rend avec un charme extrême. Il y a dans cette page tant d’habileté de burin, et tant de science de dessin, qu’il nous serait difficile de l’apprécier convenablement en trois lignes. La Revue, du reste, dans son dernier numéro, et par l’organe d’un de ses critiques les plus distingués, s’en est occupée d’une façon toute