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pareille, accompagnée du savant commentaire qu’y avait joint M. Rémusat, et dans lequel il avait déposé le fruit de ses longues recherches sur l’histoire du bouddhisme, son étude de prédilection, une de celles, en effet, qui méritaient le mieux d’occuper un esprit de la valeur et de la portée du sien.

M. Rémusat avait terminé sa traduction quand il mourut. Une grande partie du commentaire était entièrement achevée : M. Klaproth se chargea de continuer le travail interrompu ; mais lui-même fut frappé avant d’arriver au terme. Un jeune savant, élève de M. Rémusat et pieusement attaché à sa mémoire, {{M.{Landresse}}, a mis la dernière main à ce monument de la science, au pied duquel deux maîtres étaient tombés ; il en a surveillé avec zèle la publication laborieuse, et lui a donné pour péristyle une introduction qui est loin de le déparer.

Pour moi, rendre compte de cette dernière production du savant dont j’ai essayé d’apprécier les travaux dans cette Revue, c’est achever de remplir un engagement envers elle et un devoir envers lui.

Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai eu occasion de dire alors du bouddhisme, de son importance et de son histoire. Je rappellerai seulement qu’il s’agit d’une croyance qui date de trois mille ans, qui le cède au christianisme seul pour le nombre de ses sectateurs et la pureté de sa morale, qui a été florissante dans l’Inde, qui s’est établie successivement à Ceylan, en Chine, au Japon, en Corée, au Thibet, et a introduit quelque civilisation chez les peuples tartares ; qui mérite par conséquent, à plus d’un titre, l’attention et le respect de tous ceux qui contemplent avec intérêt les vicissitudes de l’humanité. Aussi bien, c’est principalement par rapport au bouddhisme que le voyage de Fa-Hian peut nous intéresser, car lui-même ne s’intéresse à nulle autre chose. Ce n’est qu’accidentellement qu’il fournit çà et là de curieux renseignemens topographiques ; car son but n’est pas de satisfaire une curiosité mondaine. Il veut, dans les diverses régions où Bouddha est honoré, saluer les lieux qu’illustrent des légendes ou des reliques célèbres, recueillir des traditions, des enseignemens, des livres sacrés ; il veut visiter les monastères de la petite translation ou de la grande. Ce qui lui importe uniquement, c’est la propagation, la décadence ou le progrès de sa foi. Aussi a-t-il tracé un véritable itinéraire