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ORGANISATION FINANCIÈRE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

faire des crédits ouverts à chacun des services soumis au vote. Cette loi est connue sous le nom d’appropriation act. Son origine date de l’année 1678. »

La dette flottante est bien plus considérable en Angleterre qu’en France ; elle n’a guère dépassé chez nous, dans les circonstances les plus difficiles, un niveau de 500,000,000 ; chez nos voisins, elle excédait, pendant toute la durée de la guerre, une somme de 1,200 millions. Aujourd’hui encore la dette flottante du royaume-uni (unfunded-debt) se compose d’environ 756 millions en capital, dont près de 700 sont destinés à pourvoir au déficit des caisses, et à combler périodiquement l’arriéré. Dans la dernière crise qui vient d’ébranler la prospérité commerciale, les bons de l’Échiquier, qui jouissaient constamment d’une prime de 2 p. 100, étant tombés au-dessous du pair, on a blâmé le chancelier pour avoir négligé de réduire la dette flottante en temps opportun. Peut-être n’était-il pas entièrement libre de le faire. La dette flottante ne coûte à l’état que 19 millions de francs par an ; c’est un médiocre fardeau, qui trouve son contre-poids dans les avantages immenses qui en reviennent au commerce et à l’industrie. La dette flottante est la base du crédit en Angleterre. Les billets de l’Échiquier, négociables comme tous les effets publics, et moins sujets aux fluctuations des cours, sont très recherchés par les capitalistes et les banquiers. Ils composent généralement le fonds de garantie des banques (securities), et remplacent avec avantage les réserves en or ou en argent qui sont un capital improductif. On ne pourrait en supprimer ou en réduire l’émission sans porter une grave perturbation dans les établissemens de crédit.

Nous avons signalé la somme des recettes et des dépenses qui ne figurent point dans le bilan financier de l’état. Le budget, ou plutôt l’ensemble des budgets, présente une autre lacune ; il ne comprend ni les ressources annuelles, ni les dépenses des administrations locales et du clergé. M. Bailly, en compulsant laborieusement les documens parlementaires, a trouvé que le chiffre des impositions de toute nature, acquittées par les habitans du royaume-uni, s’élevait à 2,025,055,000 francs. Cette somme se décompose ainsi qu’il suit : l’impôt général produit 1,255,000,000 ; les droits de péage, émolumens ou épices, 83,000,000 ; les dîmes et impôts établis au profit du clergé, 208,000,000 ; les taxes des comtés, qui ont pour objet l’entretien des routes et la police publique, 151,000,000 ; enfin les taxes paroissiales ou municipales, 327,000,000, dans lesquelles la taxe des pauvres est comprise pour 145,000,000. Les contributions locales