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ORGANISATION FINANCIÈRE DE LA GRANDE-BRETAGNE.
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Elle est chargée d’opérer le recouvrement du revenu public pour le compte de la Trésorerie, et de verser dans les mains des comptables les fonds dont la Trésorerie a ordonnancé les paiemens. La Banque d’Irlande et la Banque royale d’Écosse remplissent les mêmes fonctions dans chacun de ces deux royaumes ; mais elles sont tenues d’expédier à la Banque d’Angleterre, pour le compte de l’Échiquier, les sommes qui forment l’excédant du revenu sur les dépenses acquittées. Même pour l’Angleterre proprement dite, les fonds qui entrent dans les caisses de la Banque, ne sont pas le revenu brut de l’état ; ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer, les administrations auxquelles est confié le soin de recueillir les produits de l’impôt, prélèvent par privilége, sur la masse des recettes, les frais de régie et de perception. La centralisation des recettes opérée par la Banque, au moyen de ses douze succursales, ou par l’intermédiaire des banquiers que le Trésor a désignés, ne porte que sur le revenu net. De même, en sa qualité de payeur-général, la Banque n’a à pourvoir qu’aux arrérages de la dette et à la dotation des services votée par le parlement.

La Banque n’embrasse pas toutes les opérations de la dette ;

    « Dans une grande salle située dans Lombard-Street, environ trente commis, attachés aux différentes maisons de banque de Londres, se placent, suivant l’ordre alphabétique, à des pupitres disposés autour de l’appartement. Chaque commis a une petite boîte ouverte à côté de lui, et le nom de la maison à laquelle il est attaché est écrit en gros caractères sur la muraille, au-dessus de sa tête. De temps en temps d’autres commis, appartenant aux diverses maisons de Londres, entrent dans la salle, la parcourent, et déposent dans la boîte de chaque maison de banque les mandats tirés sur elle par leur propre maison. Le commis-banquier placé auprès de cette boîte inscrit ces divers mandats sur un livre préparé d’avance, et y joint le nom du tireur.

    « À quatre heures, toutes les boîtes sont enlevées de leur place. Chaque commis additionne le montant des mandats déposés dans la boîte, et payables par sa propre maison aux autres maisons de banque. Il reçoit aussi de cette même maison un autre livre qui contient le montant de tous les mandats que son commis distributeur a déposés dans la boîte de chacun des autres banquiers. Il compare, pour chaque maison de banque, les deux sommes, et écrit la balance que sa maison doit payer ou recevoir, avec le nom de chacun de ces banquiers en regard ; il vérifie cet état, en le comparant à celui que dressent les commis de ces maisons ; puis il envoie à sa maison la balance générale qui résulte de son calcul, et si, d’après cette balance générale, sa maison doit aux autres, elle lui renvoie le montant en billets de banque.

    « À cinq heures, l’inspecteur se place sur son siége. Chaque commis qui, d’après les résultats de tous ses calculs, doit payer une différence à diverses autres maisons, la paie à l’inspecteur, qui lui donne un reçu égal à la somme versée. Les commis des différentes maisons à qui cette somme est due reçoivent ce qui leur revient des mains de l’inspecteur, qui prend de chacun d’eux un reçu d’une valeur égale. Ainsi la totalité des paiemens se trouve faite par un double système de balance, en ne faisant passer de main en main qu’un très petit nombre de billets de banque, et très rarement de la monnaie métallique.

    « 174. Il est difficile de former une évaluation exacte des sommes qui passent par jour à ce bureau ; elles varient depuis 2 jusqu’à 15 millions de livres sterling (de 50 à 375 millions de francs). La moyenne peut aller à deux millions et demi de livres sterling, qui se règlent peut-être avec 200,000 livres sterling en billets et 20 livres sterling en espèces.»