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REVUE. — CHRONIQUE.

y siége à côté de M. Laffitte. S’il fallait plus exactement caractériser l’opposition qui se résume dans le nouveau comité électoral, nous dirions que c’est l’opposition puritaine, celle qui n’a pas accepté les faits accomplis, pour nous servir d’un mot devenu historique. Le National et le Courrier Français, le Bon Sens, le Commerce, c’est-à-dire la vieille gauche et la république, l’opposition d’affaires et le radicalisme théorique, ont leurs représentans au comité. Mais si M. Odilon Barrot se tient à l’écart, ce qui n’est pas moins remarquable, un des organes les plus distingués de l’opposition dynastique, le Siècle, et le vieux mais toujours fidèle champion du libéralisme, le Constitutionnel, sont restés en dehors de cette coalition de doctrines hétérogènes. Nous les en félicitons hautement, et nous croyons qu’aux yeux de la France, le comité électoral perdra beaucoup à ne pas compter M. Odilon Barrot dans ses rangs. Seul il lui aurait pu donner, avec une couleur plus rassurante, une action de quelque importance. Il en eût été le chef politique, et maintenant nous ne croyons pas que le comité soit disposé à reconnaître la suprématie de M. Mauguin.

Une session extraordinaire du congrès vient de s’ouvrir dans un pays voisin, la Belgique, dont nous ne suivons peut-être pas avec assez d’intérêt les progrès en tout genre. Depuis que les deux chambres se sont séparées, celle des représentans a été renouvelée par moitié, conformément aux dispositions de la loi fondamentale ; mais ce renouvellement, qui portait sur 51 membres, n’a pas essentiellement changé le caractère de l’assemblée, où se retrouvent presque tous les noms de la chambre précédente. On doit reprendre dans cette session la discussion d’un projet de loi fort important pour les relations commerciales de la France avec la Belgique, et destiné à modifier la rigueur des tarifs de douanes établis par l’ancienne administration du royaume des Pays-Bas. Ce qui a été fait à cet égard dans la dernière session n’est pas tout ce qu’on pouvait attendre des sentimens d’amitié qui doivent unir les deux pays, et des principes que tous les gouvernemens éclairés cherchent à introduire dans leur législation commerciale. Mais quand des intérêts nombreux et puissans se sont établis et développés sous la protection de certaines lois, il est si difficile de les amener à une transaction raisonnable, qu’il faut accepter avec empressement le moindre sacrifice de leur part ; c’est toujours un premier pas dans une voie meilleure. Il reste encore bien des adoucissemens à obtenir sur plusieurs points, et ce doit être l’objet d’une discussion qui ne se fera pas long-temps attendre. Les ministres belges y apportent des dispositions favorables, et on peut espérer que les deux chambres se montreront aussi disposées à acquitter une dette d’honneur contractée envers la France. Or, dans l’état actuel de nos relations politiques, nos relations commerciales ne sauraient, sans une contradiction monstrueuse, rester sur le même pied qu’avant 1830, et c’est même une question qui aurait dû être abordée plus tôt. M. David, conseiller d’état et chef de la direction du commerce extérieur au ministère du commerce et des travaux publics, vient d’accomplir en Belgique une mission qui n’est sans doute pas étrangère au projet de loi dont les chambres belges vont avoir à s’occuper de nouveau. Il aura pris et donné les renseignemens les plus propres à éclairer le ministère du roi Léopold et à l’affermir dans ses bonnes dispositions. Notre ministre à Bruxelles, M. Serurier, qui est retourné à son poste, à peine convalescent d’une maladie grave qui l’avait retenu à Paris, suivra