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REVUE. — CHRONIQUE.

refusaient de subir cette loi, que la couronne elle-même trouvait bien dure, et qui était bien plutôt un acte de représailles qu’une affaire de principes constitutionnels. On chercha donc à faire revenir les cortès sur une décision d’entraînement, et il paraît que l’on y a réussi. Un article du journal officiel signala l’espèce de violence sous l’impression de laquelle l’assemblée avait voté la disposition relative au sénat, la présence de gardes nationaux armés dans les galeries et les couloirs de la salle, et même les menaces qui avaient été proférées. Quoique cet article ait provoqué une discussion assez vive et des accusations fort aigres contre M. Manoel de Castro Pereira, ex-ministre des affaires étrangères, soupçonné d’en être l’auteur, on a cependant trouvé moyen de réparer la faute qu’il indiquait, et, par une nouvelle décision, les cortès ont accordé à la couronne le droit de choisir les sénateurs sur une triple liste de candidats présentés par les colléges électoraux, ce qui est, comme l’on sait, la combinaison adoptée en Espagne. Un des points fondamentaux de la constitution se trouve ainsi ramené à des conditions plus monarchiques.

L’heureux rétablissement de la bonne intelligence entre la cour et l’assemblée a été célébré par un dîner auquel les circonstances ont donné l’importance d’un évènement politique. Les ministres, le vicomte Das Antas, les principaux membres des cortès, le vicomte de Reguengo, qui a joué un rôle si éminent dans les mesures adoptées pour défendre Lisbonne contre les maréchaux insurgés, en un mot tous les chefs du parti constitutionnel, se sont trouvés réunis autour de la table royale, et le prince Ferdinand semble chercher à s’identifier plus complètement avec la société portugaise. Le ministère lui-même est composé d’hommes honorables qui doivent inspirer à la cour une entière confiance. Leur énergie et leur résolution dans la dernière crise peuvent aussi rassurer le parti libéral sur leurs intentions ; mais la tranquillité du Portugal dépend toujours de l’Angleterre et de son attitude envers un gouvernement qui, après tout, ne lui est pas hostile, bien que les nouvelles institutions irrévocablement acquises au peuple portugais ne permettent plus au cabinet de Saint-James d’exercer sur ses destinées une influence aussi exclusive et aussi prépondérante que par le passé.

Le Hanovre et son roi continuent à fixer l’attention de l’Allemagne. On se demande quel sera le dénouement de cette crise, si le peuple hanovrien se soumettra paisiblement aux caprices de son nouveau souverain, s’il essaiera de résister, et comment se manifestera sa résistance. De tous les états constitutionnels allemands, celui qui porte le plus vif intérêt à la question est l’état de Hesse-Cassel, qui se croit menacé du même sort que le Hanovre, et sous le même prétexte, si le roi Ernest-Auguste réussit à faire prévaloir ses vues, ce qui est assez probable. Jusqu’ici du moins, le pays est demeuré très calme, et le seul symptôme d’agitation et de résistance qui se soit montré est la protestation de sept professeurs de l’université de Gœttingue, qui ont déclaré ne vouloir prendre aucune part à l’élection d’un député autrement que d’après la constitution de 1833. Le roi a pour lui l’armée, dont il a cherché,