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REVUE. — CHRONIQUE.

tholique des provinces rhénanes. Ce sont des actes qui ne produisent point immédiatement leurs résultats, mais qui s’enfoncent dans la mémoire des peuples, et dont le souvenir reparaît souvent plus tard avec toutes ses conséquences. Pour le moment, si l’interdiction de M. de Vischering peut créer au gouvernement prussien quelques embarras à Cologne et à Trêves, cette mesure n’en a pas moins été favorablement accueillie par l’opinion publique en Allemagne. On y a vu la contre-partie des tendances ultramontaines et monastiques auxquelles s’abandonne de plus en plus le roi de Bavière, avec un zèle peu éclairé et dans un esprit de réaction qui descend jusqu’à la puérilité ; car il est difficile de caractériser autrement une ordonnance récente du roi Louis, qui supprime les dénominations des huit cercles de la Bavière, empruntées, selon le système français, aux principales rivières qui traversent chacun d’eux, comme l’Inn, le Danube, la Regnitz, pour leur substituer les anciennes dénominations de Bavière, Franconie, Palatinat. C’était appliquer au gouvernement les rêves de l’école historique de la Gazette, qui pourra y voir un commencement de restauration du provincialisme. Puisque le roi de Bavière est en si beau chemin et soupire si ardemment après la réhabilitation du passé, nous avons un conseil à lui donner : c’est d’effacer le dernier souvenir des odieux bienfaits de la révolution française, en déposant la couronne et le titre de roi dont il lui est redevable, et en restreignant la souveraineté dans les limites de la suprématie territoriale, de la simple landes hoheit, dont jouissaient les électeurs de Bavière et les électeurs palatins, les ducs de Deux-Ponts et les ducs de Simmern qu’il représente. Il n’y aura plus de cette façon ni traditions françaises, ni souvenirs révolutionnaires, ni principes de la philosophie du xviiie siècle, dans son gouvernement, qui voguera désormais à pleines voiles sur la haute mer de l’école historique.



FACULTÉ DES LETTRES.

L’enseignement public de M. Patin à la faculté des lettres remonte à 1831. Il paraissait alors comme suppléant dans cette chaire où M. Villemain laissait le souvenir d’une éloquente parole et d’une critique si habilement fertile en aperçus brillans et nouveaux. M. Patin sut arriver à un succès bien difficile au milieu des traditions si récentes du maître illustre. Depuis lors, avec une persévérance que la faiblesse de sa santé rend plus louable encore, M. Patin, devenu titulaire de la chaire de poésie latine, n’a cessé d’y apporter ce charme exquis des détails, cette proportion délicate du cadre et de l’ensemble, cette finesse d’appréciation, qui semblent une pure émanation des graces antiques. Les années précédentes, M. Patin avait traité des origines de la poésie latine, et on se souvient encore de ces ingénieuses leçons qui, avec la traduction de M. Naudet, ont rendu sa vraie place à Plante. L’an dernier, il a parlé de Catulle avec un sentiment vif et adroitement ménagé, une convenance et un bon goût qui lui ont fait une place à part dans l’enseignement. La Revue se proposait depuis long-temps de ne point rester étrangère aux cours publics et d’en entretenir ses lecteurs. Nous espérons pouvoir donner, cette année, à ce projet, au moins un commence-