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LE SIÉGE DE CONSTANTINE.

Et tes pensers bourgeois aux numides déserts.

Épouse, au lieu des mots, les vaillantes épées,
Vierges au front d’azur, de crêpe enveloppées,
Qui seules, parmi toi, réjouissent les cieux.
Les canons muselés t’appellent sur leur trace ;
Quitte l’or pour le fer, et revêts la cuirasse
Et le courage des aïeux.

iii.

Ta route vers Cirtha d’ossemens est marquée.
Là, sous son double mur, au pied de sa mosquée,
La reine du désert s’assied sur un tombeau.
Autour de ses flancs noirs un noir rocher serpente ;
Un pont couvre l’abîme, et sous l’arche béante
L’eau du torrent bondit ainsi qu’un lionceau.

Évite la vallée où l’embûche est tendue.
Qu’au bout de l’horizon la vedette perdue
Éprouve le sentier en marchant devant toi.
Imite le lion que le serpent enlace ;
Il veille sur ses flancs, mais des plis de sa face,
Il protége à son front sa couronne de roi.

Que la marche soit lente et la bataille ailée.
Aux abois des canons, que la porte ébranlée
Reconnaisse son hôte et s’ouvre en gémissant.
Sur ses gonds de granit, si la porte est rebelle,
Dans la brêche suspends le pied de ton échelle
Au pied des minarets qui glissent dans le sang.

Souviens-toi d’épargner, au jour de ta victoire,
Femmes, enfans, vieillards, vierges au sein d’ivoire,
Et ceux qui baigneront tes genoux de leurs pleurs.
Que l’épée aisément pardonne au cimeterre.