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duits belges ; nous donnons les sommes rondes pour approcher davantage d’une valeur moyenne : houilles, 10,000,000 de francs ; fontes, 1,000,000 ; charbons de bois et bois de construction, 2,500,000 francs ; toiles, 10,000,000 ; lin et fil de lin, 3,500,000 ; laines, 2,000,000 ; bétail et chevaux, 4,000,000 ; dentelles et étoffes, 2,000,000.

La base des échanges pour la France n’est pas, comme on va le voir, dans les produits similaires ; car la Belgique reçoit principalement en vins français une valeur de 5,000,000 ; en étoffes de soie, 7,000,000 ; en toiles imprimées, 3,500,000 fr. ; en articles de Paris, 5,000,000.

Ce que la Belgique nous fournit, ce sont donc les instrumens du travail : la houille, qui est la force pour produire ; les matériaux de construction et de fabrication ; le bétail pour la nourriture des ouvriers. Ce que nous lui envoyons, ce sont les produits où excellent notre agriculture et nos ateliers : les vins, les soieries, les articles de Paris. Voilà les relations des deux peuples, telles que l’influence des tarifs protecteurs les a faites depuis 1815 ; mais la suppression des douanes ne changerait-elle rien à la nature de ces rapports ? Les objets manufacturés, les fers, les toiles de coton, les draps, que repoussent aujourd’hui de nos frontières, soit la prohibition, soit des droits élevés, n’entreraient-ils pas par masses, dans le cas d’un nivellement commercial, et n’iraient-ils pas encombrer nos marchés ? Les produits de nos ateliers, autres que les objets de goût et les soieries, trouveraient-ils une compensation suffisante à cette redoutable concurrence dans l’ouverture des marchés belges qui leur sont aujourd’hui fermés ?

« Nous nous empressons de reconnaître, disait la chambre de commerce de Sedan, en répondant à la circulaire qui précéda l’enquête de 1835, que la situation commerciale de la Belgique est aussi fausse que fâcheuse. Essentiellement industrielle, cette nation de 3,000,000 d’individus était organisée, avant sa dernière révolution, pour faire produire à ses immenses établissemens en coton et en laine presque autant que tous nos établissemens de France produisent. Nous reconnaissons qu’elle a perdu, par le fait de sa révolution, ses principaux débouchés. Pressée par les douanes hollandaises, prussiennes et françaises, son gouvernement doit attacher beaucoup de prix à la faire participer au mar-