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d’Anzin réduira ses bénéfices à 2,000,000 pour soutenir la concurrence, et ses actionnaires n’en seront pas plus malheureux. Les droits imposés sur les toiles de Flandre n’empêchent pas aujourd’hui les fabricans de Lille et de Roubaix de les importer pour les blanchir et les revendre ensuite, lorsqu’elles ont laissé un bénéfice de main-d’œuvre dans leurs ateliers. La liberté commerciale donnera une nouvelle impulsion à cette industrie ; fabricans et ouvriers ne peuvent qu’y gagner.

Il est possible que nos filatures de coton et nos ateliers de tissage souffrent un moment par suite de l’introduction des filés et des tissus belges prohibés dans le système actuel. Mais la prohibition ne saurait être éternelle, et elle n’a que trop duré. Dès que les filateurs français obtiendront le combustible et le fer au même prix, les conditions du travail étant les mêmes dans les deux pays, ce sera leur affaire de lutter d’habileté et de progrès. Les fabricans de Mulhausen, qui bravent, selon M. Nicolas Kœchli, la concurrence de l’Angleterre, résisteront sans doute à celle-ci. Il n’y aurait pas grand mal non plus à ce que tel filateur de Bolbec ou de Darnétal, qui gagne 35 à 40 cent, par livre de coton, depuis bientôt quinze ans, vît diminuer quelque peu ses profits.

Les fontes belges entrent en France depuis la réduction des droits. L’association va sans contredit leur donner un grand avantage sur les produits de nos usines. Mais on a fort exagéré les moyens de production de nos voisins ; ils ne pourraient pas fournir plus du quart des quantités nécessaires à la consommation de la France ; et les besoins de cette consommation s’accroîtront en raison directe du bon marché des produits. Le seul effet du monopole accordé aux maîtres de forge par la loi de 1817 a été d’élever outre mesure le prix du bois et celui du charbon ; les maîtres de forges, vendant fort cher, n’ont pas fait pour cela de meilleures affaires ; mais les propriétaires de bois se sont enrichis. Le fer, cette matière première de toute industrie, demeure chez nous à l’état de métal précieux, et n’est pas encore entré dans les habitudes de la consommation. On rendra donc service à tout le monde, et aux producteurs comme aux consommateurs, en étendant le rayon des tarifs.

Nos fabricans de drap affirment qu’il leur est impossible de lut-