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je n’en doute guère, à l’histoire des singes, ce n’est pas à l’espèce que je décris qu’on la peut rapporter, mais à une espèce plus grande ; peut-être est-ce au mandrill, peut-être au pongo de Battel, en supposant que ce soient deux animaux différens. Je rejette les noms vulgaires de baris, de qoias-morrou, parce que chacun de ces noms a été appliqué par les voyageurs à des animaux très différens les uns des autres. Je rejette enfin le nom d’homme des bois, parce qu’il me répugne d’appliquer, même avec un correctif, le nom d’homme à une brute.

« Quoique le pygmée ait de nombreux traits de conformité avec les singes, et particulièrement avec les singes sans queue, à d’autres égards il se rapproche beaucoup plus de l’homme. Ce n’est cependant qu’une brute, mais c’est un animal suî generis, et non le produit d’un mélange monstrueux, comme on l’a voulu dire. L’espèce même en est assez répandue, car, pendant que je faisais la dissection du sujet que j’ai eu à ma disposition, plusieurs marins et voyageurs sont venus chez moi, et m’ont assuré avoir vu des animaux semblables à Borneo, Sumatra, et autres lieux des Indes. Ce n’était pas des Indes cependant que venait le mien, mais d’Angola, en Afrique. Il avait été amené de l’intérieur du pays ; quand on le prit, il était en compagnie d’une femelle semblable à lui.

« En rapprochant mes observations de celles de Tulpius, je ne trouve pas la conformité assez soutenue pour oser affirmer que mon pygmée et son satyre soient un même animal, et je regarde aussi comme fort douteuse l’identité de ce satyre avec celui de Bontius. Il est vrai que le médecin de Batavia a donné trop peu de détails pour permettre d’établir une comparaison ; et quant à la figure qu’il a jointe à son texte, elle ne peut être non plus d’aucune utilité pour juger des ressemblances, car évidemment elle est faite de fantaisie.

« Je me suis trouvé également arrêté quand j’ai cherché à reconnaître mon pygmée dans quelques singes remarquables dont parlent les voyageurs.

« Je ne serais pas éloigné de croire que le baris appartînt, sinon à la même espèce, du moins à une espèce voisine ; mais je ne puis aller au-delà d’une simple conjecture, parce que les écrivains qui ont parlé de l’animal, au lieu de nous faire connaître ses formes,