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DE L’ÉTAT
DE
LA LITTÉRATURE ET DE L’INSTRUCTION
EN DANEMARK,

AVANT LE SEIZIÈME SIÈCLE.


À M. le Ministre de l’Instruction publique.

La poésie islandaise est la source de toute la poésie du Nord. La langue islandaise a régné en Danemark, en Suède, en Norvége. C’est la langue des scaldes, des conteurs de sagas et des inscriptions runiques. Mais un temps vient où cette sœur de l’idiome germanique, cette reine des contrées scandinaves, abandonne peu à peu le sol où elle gouvernait sans rivale, et se retire, comme une recluse avec ses fictions poétiques et ses souvenirs de jeunesse, dans ses presbytères rustiques, dans son école de Skalholt. Par son voisinage de l’Allemagne, par son contact avec les autres peuples, le Danemark altère un idiome scandinave, et la langue danoise est encore de tous ces rameaux sortis d’une même souche, celui qui s’en écarte le plus. Il se forma dans les diverses parties de ce royaume, en Fionie, en Séelande, en Jutlande, selon la différence de position et la différence de relations extérieures, des dialectes particuliers qui, plus tard, ont été dominés par le dialecte séelandais, comme les dialectes des diverses provinces de l’Allemagne l’ont été par le haut allemand. Du jour où cette scission avec l’Islande se manifeste, où les sujets des rois de Roeskilde, les habitans de Ribe et d’Odensée commencent