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DES CHEMINS DE FER.
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ment au service ordinaire des canaux d’Amérique ou d’Angleterre ; mais c’est une rapidité presque fabuleuse à côté de ce qui se passe sur nos autres canaux français.

Il s’en faut de beaucoup que la vitesse d’environ 20 lieues par jour puisse être signalée comme la dernière limite qu’on puisse atteindre sur les canaux. Tout le monde sait qu’en Angleterre, depuis 1830, sur le canal de Paisley d’abord, et sur plusieurs autres ensuite, on a établi, pour les voyageurs, des bateaux qui se meuvent avec une vitesse de 3 lieues et demie à 4 lieues et demie de poste à l’heure, y compris le temps nécessaire pour franchir les écluses.

Aux États-Unis, sur la plupart des canaux construits par les États, il y a des paquebots affectés uniquement au transport des voyageurs, et qui parcourent à peu près 7 kilomètres par heure, ou une quarantaine de lieues par 24 heures ; car ils vont nuit et jour, et s’ils ne dépassent pas cette rapidité, c’est que les règlemens administratifs s’y opposent. Mais là aussi, sur des canaux appartenant à des compagnies, le système anglais des bateaux-rapides a été appliqué avec succès, et, sur le canal à grande section du Raritan à la Delaware, entre Philadelphie et New-York, j’ai voyagé dans un bateau d’une construction particulière, fort vaste et beaucoup plus commode que les nacelles effilées que l’on emploie sur les canaux anglais, avec une vitesse d’un peu plus de 3 lieues.

En France, sur le canal du Midi, on a perfectionné, en 1835, un service de bateaux de poste qui datait de la construction du canal. Ces bateaux, très fréquentés aujourd’hui, se meuvent avec une vitesse moyenne de 11 kilomètres (2 lieues trois quarts) par heure, non compris le passage des écluses ; ils vont en 36 heures, tout compris, de Toulouse à Cette, et en 51 heures de Toulouse à Beaucaire, ce qui met leur vitesse effective de voyage à un peu moins de 2 lieues par heure.

Le transport des marchandises, à raison de 20 lieues par jour, et celui des hommes avec une rapidité double, triple ou quadruple, s’effectuent à assez bas prix. En 1835, lorsque je visitai le canal Érié, les compagnies concessionnaires effectuaient le transport de la farine par bateaux accélérés, à raison de 2 cent. 8 dixièmes par tonneau et par kilomètre (droits non compris), ou de 11 cent. 2 dixièmes par tonneau et par lieu, ce qui ne représente que le quatorzième du prix du roulage accéléré français : et pourtant, la France est peut-être le pays où le roulage s’opère au plus bas prix.