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venu de rendre Venloo. Les deux choses ne se ressemblent pas, dit-on ; si elles ne se ressemblent pas, au moins elles se tiennent, comme promettre et accomplir. Après la courte et décisive campagne de 1831 contre les Hollandais, on reprochait aussi à Casimir Périer de reculer devant les menaces de l’Europe : il répondait qu’il avait atteint son but, et qu’il retirait les troupes françaises. L’un paraissait moins glorieux que l’autre ; cependant M. Périer croyait-il se démentir ? Le ministère du 15 avril se trouve dans la même position : le but est atteint. La France se montre conséquente avec elle-même en acceptant aujourd-hui le résultat prévu, désiré, poursuivi sans déviation depuis 1830, la constitution d’une Belgique indépendante dans les limites de ses droits et des traités solennels qu’elle a librement ratifiés.

Mon intention n’est pas d’examiner ici l’un après l’autre tous les articles du traité modifié que la conférence de Londres vient de proposer à la Belgique et à la Hollande, et que celle-ci a immédiatement accepté sans réserve. Il suffira de dire que, par son exécution, le roi des Pays-Bas devra être remis en possession de Venloo et d’une partie de la province du Limbourg, peu considérable sur la rive gauche de la Meuse, mais plus étendue sur la rive droite, puisqu’elle descend au-dessous de Maëstricht jusqu’aux limites septentrionales de la province de Liége, et, dans le Luxembourg, de la moitié orientale de cette principauté, qui est adossée et contiguë à la province prussienne de Trèves. Ce sont les arrangemens territoriaux de 1831. Ces deux demi-provinces du Limbourg et du Luxembourg sont déclarées et reconnues territoire fédéral, l’une par continuation du passé, l’autre par substitution à la partie du grand-duché cédée au royaume de Belgique. Les droits de la branche allemande de la maison de Nassau sur la totalité du grand-duché, comme équivalent d’autres possessions, sont également transportés sur la moitié du Limbourg cédée à la Hollande ; mais la place de Maëstricht, bien que comprise dans le territoire fédéralisé, ne devient en aucune façon forteresse fédérale. Des insinuations faites dans ce sens, soit à Berlin, soit à Francfort, en 1836, je crois, avaient été énergiquement repoussées par le roi Guillaume, et cette idée n’a pas eu de suites. Maëstricht, vieille possession des Provinces-Unies des Pays-Bas, restera donc ville exclusivement hollandaise.

L’ancienne Flandre des états n’ayant pris aucune part à la révolution belge de 1830, et ne pouvant être, à aucun titre, revendiquée par la Belgique, les deux rives de l’Escaut, un peu au-dessous d’Anvers, appartiennent en toute souveraineté au royaume des Pays-Bas. Personne n’ignore que, par l’article 14 du traité de Munster (30 janvier 1648), l’Espagne s’était résignée à la fermeture de l’Escaut, au profit des Provinces-Unies, droit rigoureux qui fut exercé pendant un siècle et demi avec la plus grande sévérité et mit le sceau à la ruine d’Anvers. En se séparant des provinces méridionales, la Hollande ne pouvait songer à faire revivre un pareil droit. L’acte général du congrès