Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
344
REVUE DES DEUX MONDES.


Scène VII.


LE PRÉCEPTEUR, GABRIEL, MARC.
LE PRÉCEPTEUR.

Ô mon cher enfant ! mon noble Gabriel ! Je vous remercie de ne pas vous être méfié de moi. Hélas ! que de chagrins et de fatigues se peignent sur votre visage !

MARC.

N’est-ce pas, monsieur l’abbé ? C’est ce que je disais tout à l’heure.

GABRIEL.

Ce brave serviteur ! Son dévouement est toujours le même. Va te jeter sur ton lit, mon ami, je t’appellerai pour reconduire l’abbé quand il sortira.

MARC.

J’irai pour vous obéir, mais je ne dormirai pas. (Il sort.)

LE PRÉCEPTEUR.

Oh ! ce pauvre petit Mosca ! que de chemin il m’a fait faire ! Depuis le Colysée où il a découvert vos traces, jusqu’ici, il m’a promené durant toute la soirée. D’abord il m’a mené au Vatican… puis à un cabaret, vers la place Navone ; là j’avais renoncé à vous trouver, et lui-même s’était couché, harassé de fatigue, lorsque tout à coup il est reparti en faisant entendre ce petit cri que vous connaissez, et il s’est tellement obstiné à votre porte, qu’à tout hasard je l’ai fait passer par le guichet.

GABRIEL.

Je l’aime cent fois mieux depuis qu’il m’a fait retrouver un ami. Mais qui vous amène à Rome, mon cher abbé ?

LE PRÉCEPTEUR.

Le désir de vous porter secours et la crainte qu’il ne vous arrive malheur.

GABRIEL.

Mon grand-père est fort irrité contre moi ?

LE PRÉCEPTEUR.

Vous pouvez le penser ! Mais vous êtes bien caché, et maintenant vous êtes entouré de protecteurs dévoués. Astolphe est ici.

GABRIEL.

Je le sais bien.

LE PRÉCEPTEUR.

Je me suis lié avec lui ; je voulais savoir si cet homme vous était véritablement attaché… Il vous aime, j’en suis certain.