Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/756

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
736
REVUE DES DEUX MONDES.

moins de temps que ne le feraient dix armées en Flandre. J’ai lieu de croire qu’il y a en France un fort parti pour les Bourbons, et que ce parti est prépondérant dans le midi de la France. Quelle diversion notre armée ne peut-elle pas opérer dans ce cas, et quel sacrifice ne devons-nous pas faire pour atteindre ce but ?

« C’est l’affaire du gouvernement, et non la mienne, que de disposer des ressources de la nation, et je n’ai pas la moindre objection à faire à ce sujet. Je désire, en tout cas, persuader à votre seigneurie que vous ne pourrez pas pratiquer des opérations militaires en Espagne et en Hollande avec des troupes anglaises, et il faut choisir d’avance l’un ou l’autre parti, si, comme je le crois, et je ne pense pas me tromper, l’empire anglais n’est pas en état de maintenir deux armées en campagne. J’ai commencé la dernière campagne avec soixante-dix mille Anglais et Portugais. En laissant aller les troupes allemandes, en ajoutant ce que je pourrai rassembler de milices et les recrues portugaises, je compte, cette année, tenir la campagne avec quatre-vingt mille hommes ; mais ce n’est pas là toute la question. Si vous formez l’armée hanovrienne, je n’aurai pas plus de cinquante mille hommes ou cinquante-cinq mille, si les blessés se rétablissent promptement.

« Je vous prie d’observer que, si vous étendez vos opérations aux autres pays, le service souffrira dans toutes ses branches. Je ne voudrais pas me plaindre ; mais, si vous jetez vos regards sur chaque branche du service, vous verrez qu’elles sont déjà toutes entravées. Je n’ai pas entendu parler des vingt-cinq mille effets d’habillemens qui devaient arriver de Plymouth, et déjà nous avions un déficit de trois mille pour l’année 1813. Sept mille huit cents effets sont arrivés à la Corogne. Nous manquons absolument de capotes. La raison en est que l’administration ne songe pas qu’en changeant de théâtre d’opérations, les anciens effets ne sont pas suffisans, etc.

« Les différens rapports que j’ai adressés à votre seigneurie appellent votre attention sur le manque de provisions navales, et je vous prie de prendre connaissance de l’état et condition des vaisseaux des stations, exceptant ceux qui vont et viennent d’Angleterre, état que l’amirauté fait connaître le 1er et le 15 de chaque mois. Vous verrez s’il y a ou non raison de se plaindre. Quel que soit le nombre, je me plains de ce qu’ils ne sont pas suffisans pour faire le service. Ce n’est certainement pas l’intention de l’amirauté.

« Votre seigneurie est maintenant instruite de l’état de nos ressources financières. Nous sommes accablés de dettes, et je ne puis