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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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30 juin 1840.


La session touche à son terme. Il ne reste devant la chambre des pairs que cinq affaires importantes : le budget, les chemins de fer, les paquebots transatlantiques, la création d’une faculté des sciences à Rennes, et la réforme du tribunal de la Seine.

La chambre des pairs se trouve dans une situation qui n’est pas nouvelle, mais qui donne lieu cette année à des débats plus vifs et plus amers que par le passé. Nous ne sommes pas surpris de ce redoublement de plaintes et de reproches.

D’un côté, la situation, par cela seul qu’elle se prolonge et qu’elle paraît vouloir s’établir comme une règle, devient insupportable à la chambre dont elle compromet la dignité et l’importance politique.

De l’autre côté, le ministère ne compte pas dans la chambre un grand nombre d’amis. Si l’on ne songe pas à le renverser, on n’est pas non plus disposé à lui donner des preuves de sympathie.

Quant au fond de la question, voici l’exacte vérité. D’abord la situation dont la chambre des pairs a droit de se plaindre, ne saurait être avec justice imputée au ministère. Ce n’est pas lui qui a distribué le travail de la session. Arrivé aux affaires dans le mois de mars, il n’était pas en son pouvoir de modifier le cours des choses, comme il n’est au pouvoir de personne de retenir à Paris les députés après le vote de la loi de finances.

Une fois le ministère mis hors de cause, reste la question tout entière. Comment faire cesser un abus qui trouble profondément l’équilibre des pouvoirs, un abus auquel la chambre ne pourrait se résigner sans anéantir, au préjudice du pays et de la couronne, une des principales garanties de notre système politique ?

Si la pairie se résigne, la constitution est faussée. La chambre des pairs, on l’a dit mille fois, ne serait plus qu’un bureau d’enregistrement. Si elle résiste