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REVUE DES DEUX MONDES.

Mais déjà vers les monts je te vois t’abaisser,
Tu fuis en souriant, mélancolique amie,
Et ton tremblant regard est près de s’effacer.

Étoile qui descends sur la verte colline,
Triste larme d’argent du manteau de la nuit,
Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit ;
Étoile, où t’en vas-tu dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Où t’en vas-tu si belle, à l’heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?
Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,
Avant de nous quitter, un seul instant arrête ;
Étoile de l’amour, ne descends pas des cieux !

CHANSON.

J’ai dit à mon cœur, à mon faible cœur
N’est-ce point assez d’aimer sa maîtresse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C’est perdre en désirs le temps du bonheur ?

Il m’a répondu : Ce n’est point assez,
Ce n’est point assez d’aimer sa maîtresse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les plaisirs passés ?

J’ai dit à mon cœur, à mon faible cœur
N’est-ce point assez de tant de tristesse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C’est à chaque pas trouver la douleur ?

Il m’a répondu : Ce n’est point assez,
Ce n’est point assez de tant de tristesse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les chagrins passés ?


Dans l’article de M. de Sainte-Beuve sur Loyson, Polonius et De Loy, inséré au dernier no , la phrase qui commence le paragaphe, vers le milieu de la page 1035, doit être rétablie ainsi : « Il serait injuste d’environner d’un trop grand appareil de critique l’œuvre posthume et véritablement aimable d’un poète mort sans rien d’amer et qui a vécu si malheureux. »

V. de Mars.