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LA SICILE.

Spaccaforno. Modica est une belle ville avec de belles églises, des couvens nombreux et une magnifique commanderie de Malte, où la noblesse passe son temps à gémir de la perte des grands priviléges dont elle jouissait, priviléges si grands, que les rois des Deux-Siciles appelaient Modica Regnum in Regno. Les esprits étaient agités, mais la ville était calme. On s’y inquiétait des mouvemens qui avaient lieu dans la vallée ; mais bientôt je pus me convaincre, par mes yeux, que ces inquiétudes n’étaient pas fondées, car en descendant vers la mer, le long de la rivière de Ségura, j’arrivai à la pointe d’Alga au moment où une spéronare, chargée de fugitifs, gagnait le large. Depuis, la Sicile, quoique infestée de brigands et tourmentée par la misère de ses habitans, n’a pas été troublée sous le rapport politique, et il ne tient qu’à son gouvernement de rendre cette tranquillité plus sûre et durable. J’ai déjà dit dans ces lettres, et je répète en les terminant, que des routes, une protection éclairée assurée à l’industrie et au commerce, qu’un peu de prospérité matérielle, en un mot, empêcherait le retour des troubles et déjouerait les espérances des voisins jaloux qui convoitent cette position si importante dans la Méditerranée. Une bonne politique conseille au roi des Deux-Siciles d’agir ainsi ; les sentimens d’humanité, la noblesse d’ame qui distinguent ce jeune prince, lui parleront encore plus haut que la politique en faveur de cette belle et malheureuse moitié de ses états.


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