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LE BRIGANDAGE DANS LES ÉTATS ROMAINS.

rieur du couvent et le forcèrent de s’absenter un jour et une nuit. À peine de retour, il s’empressa de courir aux cellules de ses chers néophytes : il les trouva vides ; il appelle ses élèves, confinés dans une autre aile du bâtiment ; personne ne répond, élèves et brigands ont disparu. On découvre enfin, emprisonnés dans les caves, le concierge et les gardiens des élèves. On apprend d’eux que vers le milieu de la nuit, quand toute la ville était endormie, les brigands ont éveillé les élèves, enfermé leurs professeurs, en menaçant de mort celui qui pousserait un cri, et qu’enfin, faisant marcher devant eux ces jeunes gens, ils ont pris le chemin de la montagne. Des bergers qui arrivent du dehors racontent qu’ils ont rencontré dans les bois de Monticello, à plusieurs milles de Terracine, ces jeunes gens, liés deux à deux et conduits par les brigands comme par leurs pédagogues. Cependant, à la nuit, la plupart de ces jeunes gens rentrèrent dans la ville ; leurs ravisseurs, pour ne pas manquer de vivres, n’avaient gardé que ceux des élèves dont les familles étaient riches et dont ils pouvaient espérer de fortes rançons. Les bandits, durant leur séjour au séminaire, n’avaient pas perdu leur temps, ils avaient recueilli des renseignemens précis sur la fortune de chacun de ces enfans. Il y avait pourtant, au nombre de ceux qu’ils gardèrent avec eux, des jeunes gens dont les parens n’étaient rien moins que dans l’aisance ; mais ceux-là étaient les fils de juges et de magistrats contre lesquels les bandits avaient des représailles à exercer : ils les gardaient, disaient-ils, pour faire un exemple. Le jeune Fasani, fils d’un ancien maire, était parmi ces derniers.

Dans les jours qui suivirent, des bergers apportèrent à chacun des parens des élèves que les brigands retenaient, la lettre circulaire que voici : « Mes chers parens, ne soyez pas inquiets, je me porte bien ; je suis avec de braves gens qui ont pour moi tous les soins et toutes les attentions possibles, mais si vous ne m’envoyez pas aussitôt deux mille écus, ils me tueront. » Les malheureux parens portèrent ces lettres au cardinal secrétaire d’état, qui leur promit de s’occuper prochainement de leur affaire. Les mieux avisés ne comptèrent que sur eux et envoyèrent aux bandits tout l’argent qu’ils purent ramasser. Ceux-ci relâchèrent successivement les prisonniers dont ils recevaient les rançons ; enfin, huit jours après l’enlèvement du séminaire entier de Terracine, il ne restait au pouvoir des brigands que trois des élèves, deux fils de juges, âgés de douze ans, et le fils du maire Fasani, âgé de quatorze ans. Les parens de ces infortunés avaient payé une rançon comme les autres ; cependant le bruit ne tarda pas