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Ou son royaume ou son jardin.

Quant à moi, devenu plus sage
Et dans mes désirs satisfait,
Peu redoutable au voisinage,
Je ne demande à ce village
De lot que celui qu’il m’a fait,

Content si, m’assurant la vue
De la rivière et du côteau,
J’y puis seulement, sur la rue,
Joindre la place étroite et nue
Que borne, en fleurs, le vieux sureau.

C’est tout… Et puis encor peut-être
Ce petit bois plein de gazon,
Qui se berce sous ma fenêtre
Et semble m’attendre pour maître,
Caché derrière ma maison.

Rien de plus… Et si, murmurante,
Dans ce bois, devenu le mien,
Venait à luire une eau courante,
Alors,… si ce n’est quelque rente, …
Il ne me manquerait plus rien.

Le Cid d’Andalousie, représenté pour la première fois le1er mars 1825, avait été retardé long-temps par les tracasseries de la censure ; c’est à M. de Châteaubriand, ministre, que la pièce avait dû de sortir de dessous la griffe, non pas sans trace de mutilation. M. Lebrun s’était adressé à l’illustre écrivain comme au patron naturel de tous les hommes de lettres honorables. M. de Châteaubriand lui donna audience aussitôt : — « On dit qu’un roi joue un vilain rôle dans votre pièce ; cependant, monsieur, il serait bien temps, ce me semble, de laisser les rois tranquilles. » — M. Lebrun n’eut pas de peine à se faire entendre, lorsque, protestant contre toute allusion misérable, il se retrancha dans la vérité de l’histoire et des mœurs qu’il voulait peindre. La fortune de la pièce à la représentation fut contrariée ; ce fut un de ces combats vaillans, mais indécis, desquels il ne ressort ni défaite ni victoire. L’impatience du parterre commença à se faire sentir à une scène de l’acte second, laquelle, au contraire, paraissait alors à de très bons juges d’un charme sans exemple sur notre scène, et comparable seulement à l’entrevue de Juliette et de Roméo ; la fameuse scène de doña Sol, depuis, rentra dans cette