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POLITIQUE EXTÉRIEURE.

L’ESPAGNE.

Voici quatre mois qu’une révolution a eu lieu en Espagne au nom du principe de liberté. Il est peut-être à propos d’examiner ce que l’Espagne a gagné sous ce rapport, et dans quel état elle se trouve aujourd’hui. Cet état est, comme on devait s’y attendre, l’anarchie la plus complète et la plus générale. Le gouvernement ne fait rien ou donne la main aux plus grands excès. L’autorité de toutes les lois, même de celles qui ont servi de prétexte au fameux pronunciamiento, est méconnue et foulée aux pieds. Le pays est livré à une minorité turbulente et fantasque qui satisfait à son gré tous les caprices de l’arbitraire le plus absolu. De tous les pays de l’Europe, l’Espagne est celui qui peut souffrir le plus long-temps une situation aussi violente sans se dissoudre entièrement. L’absence de gouvernement est sur cette terre un mal chronique, dont les symptômes les plus affligeans n’ont pas la gravité qu’ils auraient ailleurs. Mais enfin, même en Espagne, la société finit par s’user dans ces saturnales, et nous n’oserions pas affirmer que la Péninsule en ait encore pour long-temps avant d’arriver au dernier degré de la décomposition sociale.

Il serait trop long de citer ici tous les faits qui peuvent faire connaître l’état du pays. Nous allons indiquer sommairement quelques-