Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
374
REVUE DES DEUX MONDES.

de tant et tant d’écritures sous lesquelles ils succombent, et qui les transforment en hommes de bureaux au lieu d’être des hommes d’intelligence et d’action. J’ai plusieurs fois écrit à M. le ministre des finances pour qu’il voulût bien transporter à ses agens le soin des écritures relatives à la participation des instituteurs aux caisses d’épargne. Je souhaite vivement que la négociation entreprise à ce sujet réussisse. Je me suis surtout opposé, à la chambre des pairs et devant une commission de la chambre des députés, à ce qu’on employât nos inspecteurs primaires à la surveillance de la loi faite ou à faire sur le travail des enfans dans les manufactures. Il faut arriver à avoir un inspecteur primaire par arrondissement, et que dans cet arrondissement l’inspecteur soit l’ame de l’éducation du peuple à tous ses degrés, qu’il connaisse personnellement tous les instituteurs, au moins tous les instituteurs publics, qu’il soit leur conseiller assidu, en quelque sorte leur directeur spirituel et aussi leur intermédiaire bienveillant auprès des autorités locales et du recteur de l’Académie, et pour cela il faut, comme en Prusse et en Hollande, que ce soit un homme ayant déjà par lui-même, soit par sa fortune, soit par des fonctions antérieures honorablement remplies, de la considération et une certaine autorité ; surtout il faut qu’il soit libre de tout autre soin et qu’il puisse se donner corps et ame à l’éducation du peuple.

Les instituteurs réclament contre la modicité de leur traitement fixe et la presque nullité de leur traitement éventuel. Ai-je besoin de répéter ici ce que j’ai dit si souvent, que l’instituteur doit être content de sa profession pour la bien exercer ; que cette profession ne peut attirer à elle, comme dans les deux pays si souvent cités, des hommes honorables qu’autant qu’elle pourvoira aux nécessités de la vie. Il faut donc améliorer la condition des instituteurs, mais comment et dans quelle mesure ? Je n’hésite point à dire qu’il ne faut pas songer d’ici à long-temps à élever le traitement fixe. Ce serait accabler les communes déjà chargées de tant de dépenses obligatoires. Selon moi, il suffit d’abord de rendre le traitement éventuel, la rétribution scolaire réelle et effective. La loi donne ici aux conseils municipaux un double pouvoir : 1o déterminer chaque année le taux de la rétribution scolaire ; 2o établir une liste d’enfans dont les familles, à titre d’indigence, sont exemptées de cette rétribution. Sur quoi il arrive qu’un très grand nombre de conseils municipaux abaissent beaucoup trop la rétribution et prodiguent les exemptions, ce qui annule à peu près le traitement éventuel et ruine le maître d’école. Le moment est venu de porter remède à ce mal. Tous les institu-