Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
377
HUIT MOIS AU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

la plus haute importance de créer en France, sous un nom ou sous un autre, des écoles bourgeoises dont le développement soit très varié, et de réformer dans ce sens un certain nombre de nos colléges communaux. Je regarde ceci, monsieur le ministre, comme une affaire d’état… En Prusse, les noms d’école élémentaire et d’école bourgeoise, comme représentant le plus faible et le plus haut degré de l’instruction primaire, sont populaires ; celui d’école intermédiaire (mittelschule) est aussi employé dans quelques parties de l’Allemagne. Voyez, monsieur le ministre, si ce nom ne pourrait pas être adopté parmi nous… »

On voit quelle importance j’attachais dès 1831 à la fondation d’une instruction intermédiaire entre les écoles populaires proprement dites et nos colléges, et j’insistai vivement pour que cette instruction intermédiaire fût établie dans la loi sous le nom même qui lui appartient, qui l’explique à tous les esprits, et pouvait plaire à la vanité des familles en substituant à nos colléges des établissemens d’un ordre distingué, et qu’il était impossible de confondre avec les écoles élémentaires. Mais tout le monde ne fut pas de cet avis, et je dois remercier publiquement M. Guizot d’avoir eu le courage de déposer au moins dans la loi un germe que le temps et des soins habiles peuvent développer. Ce fut là la tâche que je me donnai à moi-même relativement à l’instruction primaire. Pour faire apprécier le bienfait de la nouvelle institution, je me proposai de former un certain nombre d’établissemens modèles de ce genre dans les dix villes du royaume qui paraissaient s’y prêter le mieux, Paris, Lyon, Bordeaux, Rouen, Marseille, Strasbourg, Nantes, Caen, Orléans et Lille. Je m’efforçai d’imprimer à cette partie du service une impulsion sérieuse qui, je n’en doute pas, aurait surmonté tous les obstacles, si sur ces entrefaites n’était arrivé le renouvellement des administrations municipales, qui me força d’ajourner mes instances auprès des villes, et dans cet intervalle notre ministère avait cessé d’être. Du moins ma correspondance contient-elle des directions qui pourraient être suivies avec succès : 1o point de gratuité, sauf un certain nombre de bourses données par les villes, conformément à la loi, à des enfans de familles pauvres, qui dans l’école élémentaire auraient montré une capacité particulière ; une rétribution scolaire modérée, mais fort au-dessus de celle de l’école élémentaire ; par conséquent, distinction bien tranchée de l’école intermédiaire d’avec l’école élémentaire, et en même temps moins de sacrifices imposés aux villes ; 2o autoriser les écoles renfermées sous ce titre général d’instruction primaire supé-