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HUIT MOIS AU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

leçons du professeur sans les comprendre, trompent leur famille en se traînant ainsi de classe en classe jusqu’à la fin de leurs études, et vont encombrer les carrières distinguées de candidats entièrement incapables.

J’ose dire que cet ensemble de mesures, toutes empruntées à l’expérience et d’un succès infaillible, si on veut y tenir la main, devait assurer à nos colléges une prépondérance incontestable, dans la vaste concurrence qu’allait ouvrir l’émancipation de l’instruction secondaire. C’est après avoir ainsi armé l’Université que j’aurais sans crainte présenté la loi sur la liberté de l’enseignement.

D’ailleurs, je m’empresse de le reconnaître : toutes les réformes organiques sont vaines sans une administration vigilante, conduisant habilement ou expédiant avec rapidité les affaires, et surtout attentive au choix des hommes ; car, on ne saurait trop le redire, dans l’Université les hommes sont tout. C’est au choix des hommes que je me suis particulièrement appliqué. J’ai fait des conseillers, des inspecteurs-généraux, des proviseurs, des censeurs, des professeurs de tout ordre, et on a bien voulu remarquer que, dans aucune circonstance, je n’ai fait plier l’intérêt universitaire devant des considérations politiques ; que sourd à toutes les sollicitations, de quelque côté qu’elles partissent, j’ai toujours été chercher l’homme le plus capable, d’abord par justice, pour honorer le mérite et dans l’intérêt du service, ensuite parce que, dans un corps où tous les membres se connaissent, les choix sont un enseignement pour le corps entier ; et, grace à cet enseignement, le plus clair de tous, quinze jours après mon entrée aux affaires, je n’ai plus reçu que des demandes suffisamment autorisées.

Mais, dans l’instruction supérieure, la meilleure administration ne pourrait suppléer aux vices de l’organisation ; et, il faut le dire, autant l’instruction secondaire est admirablement constituée en France, autant l’instruction supérieure laisse encore à désirer, j’entends pour l’organisation. Les facultés confèrent des grades, c’est là leur principale mission, et elles la remplissent d’une manière satisfaisante, avec zèle et avec équité. Mais le nombre des facultés dans les différens ordres est arbitraire, et leur répartition sur les divers points du territoire n’est réglée par aucun principe. Le mode de nomination des professeurs est divers dans les différentes facultés, et il est très justement attaqué. Il n’y a aucune émulation parmi les étudians ; en un mot, sans renouveler ni multiplier des critiques qui ont été cent fois faites, je rappellerai que moi-même, dans mes ouvrages