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HUIT MOIS AU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

chés, et ayant le droit de faire des cours libres dans l’auditoire même de la faculté, avec l’assentiment du doyen et du ministre. Les agrégés, voilà l’élément de vie pour une faculté. J’ai emprunté cette grande institution d’abord à nos facultés de médecine, ensuite à la pratique de l’Allemagne, où elle donne les plus admirables résultats. Elle existait même jusqu’à un certain point dans les facultés de droit, car les suppléans sont de vrais agrégés ; il n’y avait plus qu’à leur conférer le droit de faire des cours complémentaires. J’ai l’honneur de l’avoir introduite pour la première fois dans les facultés des lettres et dans les facultés des sciences. Je ne me suis pas contenté de mettre cette institution dans une ordonnance ; j’ai réalisé l’ordonnance par des réglemens, et ces réglemens je les ai exécutés immédiatement. De grands concours se sont ouverts à Paris, à la Sorbonne, pour les sciences mathématiques, pour les sciences physiques, pour les sciences naturelles, pour les lettres, pour la philosophie, pour l’histoire. De tous les points de la France s’y sont présentés de nombreux candidats, l’élite des agrégés de collége, la fleur de l’Université. Ces concours ont été présidés par les hommes les plus éminens, tous membres de l’Institut et hauts fonctionnaires de l’instruction publique. L’éclat de ces concours a converti les plus incrédules, et la nouvelle institution a été fondée à son début par ses succès même. Douze agrégés pour les facultés des lettres et des sciences ont été nommés cette année : ils sont aujourd’hui en exercice à Paris et en province. De leur côté, les agrégés des facultés de droit ont demandé et obtenu la permission de faire des cours complémentaires sur des points importans et négligés de la science juridique. Si donc on sait se servir de cette institution, elle rendra en France les mêmes services qu’en Allemagne : elle vivifiera continuellement l’enseignement supérieur ; car il ne faut pas s’y tromper : pour l’enseignement comme pour la guerre, ne comptez que sur la jeunesse. Au bout de quinze ou vingt ans d’enseignement, j’entends d’un enseignement assidu et un peu éclatant, un homme est usé. Il peut avoir son mérite et son utilité encore, mais il n’a plus le feu sacré. Il faut donc toujours auprès d’une faculté un certain nombre de jeunes gens pleins d’ardeur et même d’ambition, qui représentent le mouvement comme les vieux professeurs représentent la stabilité. Ces deux élémens sont également nécessaires dans une faculté comme ailleurs. Les agrégés ne sont pas faits, il est vrai, pour l’agrément des vieux professeurs, qui redoutent de jeunes rivaux ; mais ces jeunes rivaux mûriront avec