Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/560

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
552
REVUE DES DEUX MONDES.

sens unique relatif à l’amour ; le tact est relatif à la force. Les systèmes organiques destinés à la conservation de l’individu sont également au nombre de trois : le système nerveux, relatif à la force ; l’appareil de la nutrition, relatif à la forme, parce que notre forme s’altérerait visiblement, selon la raison qu’en donne l’auteur, si nous n’avions soin d’alimenter notre corps ; et l’appareil de la respiration, relatif à l’amour ou à la vie, ou à la chaleur, ce qui est tout un, et ne vaut pas la peine d’être distingué. Autre trinité pour la génération, si on la considère dans les espèces les plus élevées ; or c’est la même nature, moins développée, dans les autres espèces : d’abord la mère qui apporte le germe (la mère apporte-t-elle le germe ?) ; le germe, c’est la forme. Le germe serait stérile, s’il n’était fécondé par le mâle. Le mâle apporte la force. Il paraît en effet, d’après les expériences de M. Lallemand, que la production du système nerveux (relatif à la force) dépend de l’action du mâle, et cela peut servir à confirmer l’hypothèse de M. Lamennais. Enfin, pour accomplir l’acte de la génération, l’amour mutuel, le concours du principe de vie est physiologiquement nécessaire. M. Lamennais profite ainsi, avec une érudition très variée, et une grande subtilité d’esprit, des découvertes et même des conjectures de la science. Haüy a reconnu que les formes élémentaires des cristaux se peuvent réduire à trois ; éclatante confirmation de la trinité. M. Lamennais réduit également à trois tous les sons primitifs, sans nous dire à qui appartient cette découverte. Il triomphe sur les couleurs : « Les sept couleurs du prisme se réduisent à trois, le jaune, le rouge et le bleu : unies, elles donnent le blanc… Les trois couleurs primitives correspondent donc aux trois principes générateurs des êtres ; et comme ces trois principes sont ramenés à l’unité dans la substance, les trois couleurs qui les manifestent sont ramenées à l’unité dans le blanc. » Où M. Lamennais ne cherche-t-il pas des analogies ? En voici une qui ne semblera pas digne des autres : « Les idées qu’expriment respectivement les mots je, vous, il, inhérentes à l’idée qu’exprime le mot être, en sont tellement inséparables, qu’à l’instant même où l’on essaie de les en séparer effectivement, l’idée d’être s’évanouit dans une nuit éternelle. De plus, les relations qui subsistent entre les personnes nécessaires du verbe, sont identiquement les mêmes que celles qui existent entre les personnes de l’Être infini. Vous implique je comme son principe, sans quoi, qui jamais eût pu dire vous ? Vous et je disent également il. Cette troisième personne a une rela-