Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/616

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 février 1841.


M. le président du conseil vient de présenter à la chambre des pairs le projet de loi sur les fortifications de Paris, tel qu’il a été voté par la chambre des députés. En demandant à la pairie l’approbation du projet, le maréchal Soult a formellement déclaré qu’il adoptait le système tout entier, sans réserve ; que le cabinet prenait le projet amendé par la chambre élective sous sa responsabilité et se l’appropriait. D’ailleurs maintenant, le maréchal dit tout haut, à qui veut l’entendre, que c’est là le projet qu’il importe d’adopter et qu’il n’acceptera aucun amendement. Ainsi, plus de prétexte pour ceux des adversaires de la loi qui, hommes monarchiques et amis du pouvoir, n’envisagent pas cette grande question uniquement comme un levier pour faire sauter le cabinet. Il serait triste de voir choisir ce terrain, le terrain de la défense nationale, pour y établir une lutte de partis et d’intérêts personnels. C’est alors que la gauche et le centre gauche, qui ont fait taire toutes leurs rivalités politiques devant la grandeur imposante de cette question, auraient quelque droit de faire entendre au parti gouvernemental de sévères paroles. Il serait en effet trop déplorable de voir en ce moment éclater une crise ministérielle dont nul ne pourrait prévoir l’issue ; elle éclaterait cependant si le projet n’était pas accepté ; elle éclaterait au milieu d’une lutte entre les deux chambres ; elle éclaterait, et en même temps l’opinion publique se trouverait vivement excitée par le rejet d’une mesure que le président du conseil a eu raison d’appeler toute nationale. Ce serait une triste célébrité que celle qui s’attacherait à une semblable crise et aux hommes qui en auraient été les auteurs. Et qui oserait