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n’aurait pas eu lieu ; mais, inspirée par de mauvais conseils, elle donna son assentiment à la croisade qui se préparait contre la liberté italienne. On sait comment les choses se passèrent. La résistance ne fut pas longue, et la réaction fut terrible. Tous les échafauds furent couverts de sang. L’Autriche seule n’en fit pas verser. Elle espérait peut-être se faire une réputation de clémence en envoyant pourrir au Spielberg des hommes chez lesquels, en 1814, elle s’était appliquée à exciter les sentimens qu’elle punissait avec tant de rigueur en 1821.

Ces excès ne pouvaient pas changer les sentimens des Italiens, et comme, après la guerre d’Espagne, on se persuada que le gouvernement français redoutait toutes les tentatives d’insurrection, et qu’il aiderait à les réprimer partout, on fit des vœux pour qu’il fût renversé, et l’on assista avec passion à ce combat admirable que l’opposition en minorité dans les chambres, mais en majorité dans le pays, livrait aux Bourbons. Ce fut à cette époque que l’influence française parvint à son plus haut degré en Italie. Malgré les rigueurs des gouvernemens et l’habileté des douaniers, les discours de Foy, de Benjamin Constant, de Manuel, les pamphlets de Paul-Louis Courier, qui étaient lus et commentés d’un bout à l’autre de l’Italie, excitaient partout l’enthousiasme et entretenaient la confiance.

On peut concevoir par là avec quels transports l’Italie reçut la nouvelle de la révolution de juillet. Ce grand acte de la justice nationale frappa autant par le courage que les vainqueurs avaient montré dans le combat que par leur modération après la victoire ; et toutes les espérances durent renaître lorsqu’on vit la Belgique, la Pologne, la Saxe, suivre l’exemple donné par la France, et le ministère tory renversé en Angleterre. Vers la fin de 1830, on pensa généralement que, pour étouffer les germes de ces révolutions, l’Europe monarchique ferait la guerre à la France, et que, pour se défendre, celle-ci serait forcée de proclamer l’émancipation de tous les peuples. Dans le cas où la guerre n’éclaterait pas, on crut que l’Europe se verrait forcée de reconnaître l’indépendance de tous les peuples qui se seraient insurgés.

Bientôt fut proclamé en France le principe de non-intervention. Dans cette circonstance, les Italiens auraient cru manquer à leur fortune, s’ils n’avaient prouvé qu’ils étaient capables de renverser des gouvernemens qui ne vivaient que par l’appui de l’Autriche. Jusqu’à quel point furent-ils poussés à ces insurrections par la France ? Jusqu’à quel point des hommes qui, immédiatement après la révolution de juillet, se trouvèrent portés au pouvoir plutôt par la