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RÉVOLUTIONNAIRES ANGLAIS.

Angleterre, nous les plaçons en regard, sans prétendre les comparer ; il n’y a guère dans les affaires de ce monde que des différences fondamentales, couvertes par des analogies de surface. Je n’assimile pas davantage les deux révolutions, dont l’une est l’aïeule de l’autre : ce serait fausser l’histoire. Laissons à chacun de ces combats les traits particuliers qui les signalent ; étudions sans les confondre ces deux meneurs d’hommes, Pym et Danton, qui, placés dans des circonstances différentes, avaient, par le fond de l’ame et de l’esprit, par la conduite et la nature de leurs actes, des ressemblances véritables. Ils étaient surtout faits pour diriger les assemblées bourgeoises et les mouvemens populaires, pour imposer une sorte de règle à ce qui n’a pas de règle, pour grouper l’anarchie, pour ordonner le désordre : — des législateurs de la tempête.

La tempête s’annonce en 1625. Jacques, enlevé par une mort mystérieuse et soudaine, a laissé la couronne à un successeur bien plus digne de la porter et bien plus capable de la perdre. On a passé vingt années à se disputer quelques droits de peu d’importance ; mais les communes se sont habituées à résister. On a pénétré le mystère de la faiblesse du trône, on s’est entendu, on a compris cet accroissement intérieur et secret des forces publiques, qui est le vrai mobile des révolutions. Le roi, jeune, mélancolique, plein de grace, de fierté et de bravoure, mais aussi d’obstination, vient ouvrir, le 18 juin 1625, la session du parlement. On remarque qu’il a sa couronne en tête, ce qui est contre toutes les coutumes et ce qui semble bizarre ; mais ce qui le paraît davantage, c’est la solennelle politesse de son geste, lorsque, au commencement et à la fin de son discours, il abaisse devant les députés ce signe de commandement qu’ils feront tomber avec sa tête.

En vain Hallam et tous les écrivains whigs essaient-ils de prouver que Charles Ier dépassa Néron en tyrannie ; ses torts furent ceux de la maladresse ; en politique, ce sont des torts inexcusables. Au lieu de marcher de conserve et d’accord avec l’opinion générale de son peuple, qui haïssait le papisme et penchait vers les opinions puritaines, Charles, craignant pour son pouvoir les suites du principe d’examen, sembla, dès le premier moment de son règne, favoriser le catholicisme, et il effraya tous ses sujets. L’émancipation intellectuelle, qui réclamait son entier essor, fut épouvantée des influences catholiques. Tout se remua sourdement, les dévots pour leur liberté religieuse, les hommes politiques pour leurs droits civils, et le trône s’ébranla.