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trine de l’autorité souveraine quand Charles Ier monta sur le trône ; sa première tâche est ensuite d’attaquer le favori et le chapelain du roi. Certain dès-lors de sa puissance, son autorité secrète commence à se faire sentir dans les comités de la chambre, et l’on voit en lui un de ces hommes que l’on appelle, les meneurs et qui se trouvent dans toutes les assemblées. Pas une des irrégularités du pouvoir n’échappe au coup-d’œil de Pym ; après avoir décrédité le roi et la cour par mille diverses attaques, il s’aperçoit de la prépondérance que le parti religieux acquérait tous les jours, et accomplit la grande union entre ce parti et les hommes politiques. Coup vraiment fatal : les communes s’appuyaient ainsi sur le peuple, et ce dernier se détachait du roi.

L’amalgame de ces deux groupes, du groupe révolutionnaire et du groupe puritain, produisit un effet terrible et décida le cours des évènemens. Au moyen des idées puritaines, on avait prise sur la masse, qui ne comprenait point les subtilités du droit civil, et qui eût fait assez bon marché de sa liberté, mais qui, au nom de la Bible, de Dieu et du protestantisme, était capable de tous les crimes et de tous les efforts. « Pourquoi, disait un membre de la chambre à Pym, cherchez-vous à nous effrayer à propos des affaires religieuses ? Elles ne sont point aussi désespérées que vous le prétendez. » — « N’en dites rien. Si vous suspendez ou que vous laissiez se refroidir votre ardeur religieuse, répondit Pym, vous perdrez votre influence civile. »

Pendant que les communes, sous la direction de cet homme, grandissaient en pouvoir et en popularité, la cour, irritée et violente, s’affaissait en s’agitant. Elle n’était plus protégée par la lâcheté pédantesque de Jacques ; Charles Ier, altier, sensible, susceptible, trop faible envers sa femme qu’il aimait, trop fier en face d’un parlement plus fort que lui, se compromettait par ses menaces et par ses tentatives. Il exerçait de petites vengeances stériles ; il essayait de contredire et de taquiner les communes : dès qu’elles avaient censuré les doctrines d’un ecclésiastique, le roi le choisissait précisément et faisait de lui l’objet d’une faveur spéciale. Ce fut alors que l’on vit un personnage de grossière apparence se lever en plein parlement et s’écrier : « On dit que le docteur Beard vient de prêcher, à la Croix de Saint-Paul, un sermon totalement papiste. Je sais aussi que l’évêque de Winchester vient de faire obtenir une riche prébende à Mainwaring, que vous venez de censurer. Si, pour devenir prébendaire, il faut désobéir aux lois et aux communes, à quoi ne devons-nous pas nous attendre » — L’homme qui parlait ainsi était