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sibles ; et quoiqu’il n’ait jamais publié ses recherches à ce sujet, il est certain qu’elles avaient précédé celles de Cavalieri, qui s’est rendu si célèbre par ses travaux sur la même matière. Les persécutions dont Galilée fut la victime l’empêchèrent seules d’achever l’ouvrage que depuis long-temps il préparait sur les indivisibles ; il avait commencé aussi à s’occuper du calcul des probabilités : en cherchant à résoudre un problème qui se rattache à la partition des nombres, il avait distingué fort à propos, les arrangemens des combinaisons, et l’on voit, par ses lettres, qu’il s’était long-temps occupé d’une question délicate et non encore résolue, relative à la manière de compter les erreurs en raison géométrique ou en proportion arithmétique, question qui touche également au calcul des probabilités et à l’arithmétique politique.

Dans les mathématiques appliquées, dans la physique, Galilée a fait une foule de remarques ingénieuses dont on essaierait en vain de faire l’énumération. Ici, c’est un procédé pour déterminer le poids de l’air ; là, des recherches sur la chaleur rayonnante, qui, dit-il, traverse l’air sans l’échauffer, et qui est différente de la lumière ; plus loin, des considérations sur la vitesse de la lumière, dont il ne croit pas la propagation instantanée. Sa méthode pour apprécier la cohésion des corps, l’observation à l’aide de laquelle il détermine les rapports des vibrations, en les rendant sensibles à l’aide des intersections des ondes qui se forment à la surface d’un liquide, aussi bien que ses idées sur le magnétisme terrestre, et sur la force par laquelle tous les corps agissent les uns sur les autres, sont bien dignes de remarque. Après avoir découvert ce fait si important pour l’explication de la formation de notre système planétaire, que les astres qui le composent tournent dans le même sens dans lequel s’effectue la rotation du soleil sur son axe, rotation dont on lui devait aussi la découverte, il avait aussi considéré le mouvement que fait la terre, accompagnée de la lune, autour du soleil, comme analogue à celui que ferait, autour d’un centre fixe, un pendule dont la longueur serait variable. Qui sait jusqu’où il serait parvenu en fait de connaissances sur le système du monde, et combien il aurait enrichi encore toutes les branches de la physique et de la philosophie naturelle, si l’on n’avait pas comprimé l’essor de son génie ? Que d’idées ingénieuses, de germes féconds anéantis avec les écrits de ce grand philosophe !

Malgré les efforts d’une persécution acharnée, Galilée nous apparaît encore comme un des esprits les plus vastes et les plus sublimes qui